Florence, LE BORGNE Responsable des activités «TV & contenus numériques» à l’IDATE

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Le DigiWorld Summit, pour sa 37ème édition, a réuni à Montpellier du 17 au 19 novembre 2015, un panel international de 150 intervenants venant partager leur vision du secteur audiovisuel. Focus sur la partie TV avec Florence LE BORGNE, Responsable des activités «TV & contenus numériques» à l’IDATE. 

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Quels sont les éléments marquants de la mutation du secteur audiovisuel ? 

Florence LE BORGNE

Nous avons l’impression d’être dans un univers où il n’y a plus aucune frontière. Le secteur des télécoms est aujourd’hui très investi dans la distribution TV sur tous les supports, dans l’édition comme dans l’achat de contenus. Du côté des ayants droit et des éditeurs de contenus, leur vocation est d’intégrer le plus largement possible la chaîne de distribution. Un acteur comme Netflix par exemple commence à être présent sur toute la chaîne de valeur : édition, production et distribution. Ils commandent des productions originales de séries, de documentaires et d’animation dans des proportions qui sont loin d’être marginales.

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La France a-t-elle vu venir les acteurs de l’OTT sur le marché ? 

Florence LE BORGNE

Oui, nous les avons vu venir. Mais les acteurs historiques se sont dit que l’exception culturelle à la française allait les protéger. Parallèlement, les chiffres de Netflix en France sont relativement flous. Comprendre leur poids sur le marché français actuel semble assez peu évident. En observant le développement d’un service comme «Youku Tudou», (le YouTube chinois), je me demande si la révolution n’est pas plus chinoise qu’américaine. L’Europe a toujours l’oeil rivé sur le continent américain où traditionnellement l’innovation et les nouvelles formes de consommation viennent de là. Mais en Chine, ils ont une vision différente. La nouveauté viendra certainement des pays plus orientaux. Rien n’est gravé dans le marbre.

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Quelles sont les nouvelles opportunités de croissance des groupes audiovisuels? 

Florence LE BORGNE

L’avenir est loin d’être écrit. Mais l’émergence massive du non linéaire est à prendre en compte. Un groupe audiovisuel qui n’adopte pas de stratégie délinéarisée importante, n’optimisera pas ses chances de développement. Mais cela ne doit pas se faire au détriment du linéaire. Il y a une bonne intelligence à trouver en complémentarité pour réexploiter le contenu et l’adapter. Demain, nous ne ferons plus la différence entre linéaire et non linéaire. Pour le grand public, ces mots n’ont pas forcément de sens. Dans l’univers actuel, les marques télévisuelles ont besoin d’être consolidées sur tous les supports. Pour internationaliser les contenus français, nous devons être puissants sur notre propre territoire. La réglementation audiovisuelle doit être facilitée pour que les futurs gros acteurs du secteur puissent être à la fois producteurs, éditeurs et distributeurs. Ce n’est pas le cas en France puisque les chaînes doivent investir jusqu’à 75% dans la production indépendante.

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Quelles sont les attentes des chaînes de TV face à l’émergence des acteurs du numérique ? 

Florence LE BORGNE

Les stratégies sont relativement plurielles. Cela dépend des états d’esprit internes. Mais d’une manière globale, la logique est défensive. Il y a eu respectivement le rachat par Canal+ et M6 de Studio Bagel et de Golden Moustache. Pour les chaînes de télévision, l’enjeu est de continuer à toucher le jeune public qui ne consomme plus nécessairement les contenus linéaires. Il faut s’adresser autrement à ce public en étant présent là où ils sont, c’est-à-dire notamment sur internet. Les contenus impertinents du Net doivent conserver leur teneur au sein d’un groupe audiovisuel.