Hirokazu Kore-Eda, grand cinéaste, craint la dispartion du cinéma au Japon

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Mon défi fou cinéma

Hirokazu Kore-Eda, un des cinéastes japonais les plus en vue, craint la disparition du 7ème art dans son pays et appelle à remettre la culture au coeur du débat selon lui pollué par une stratégie purement commerciale soutenue par les pouvoirs publics. A moins d’un sursaut en faveur de la création, «je pense que le cinéma japonais va petit à petit se réduire et finir par péricliter, sincèrement», s’inquiète le réalisateur de 54 ans, qui s’est fait connaître par de poignantes chroniques familiales, dont «Nobody knows» (2004), «Tel père, tel ls» (2013) et «Notre petite soeur» (2015). «L’industrie du cinéma japonais est renfermée sur elle-même, elle ne se tourne pas du tout vers l’étranger. Pour le meilleur et pour le pire, le Japon est une exception mondiale dans le sens où on peut encore espérer faire du pro t sur un lm rien que sur le marché intérieur. Le secteur se repose là-dessus», déplore-t-il. Et quand d’aucuns consentent à regarder hors du Japon, c’est pour se mettre au service du «Cool Japan», une stratégie lancée par Shinzo Abe a n de diffuser la culture nippone dans le monde, en sélectionnant surtout les réalisations commerciales qui font le plus recette. Kore-Eda, qui s’exprimait en octobre, juste avant que ne débute l’édition 2016 du Festival international du lm de Tokyo (TIFF), ne mâche pas ses mots: «un festival de cinéma n’est pas un marché pour exporter les films japonais à l’étranger, ce doit être un lieu de réflexion». Et que des politiciens interviennent dans un festival avec l’idée qu’il peut apporter quelque chose pour le pays, comme le fait M. Abe, c’est tout simplement «bafouer le cinéma», juge M. Kore- Eda. «Ici, au Japon, la culture n’est pensée qu’en fonction des bénéfices qu’elle pourrait rapporter au pays. Cette vision est la même que ce soit pour le cinéma ou les JO. Mais on se doit de leur dire haut et fort qu’ils ont tort», assène-t-il.