Les PDG de l’audiovisuel public ont présenté des propositions de «synergies» entre leurs groupes

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Émissions et plateforme culturelle communes: les patrons de l’audiovisuel public, en l’absence notable de Mathieu Gallet, ont présenté vendredi à la ministre de la Culture des propositions de «synergies» entre leurs groupes, dans le cadre d’une réforme compliquée par la révocation du PDG de Radio France. Les PDG des entreprises concernées, dont Delphine Ernotte pour France Télévisions et Marie-Christine Saragosse pour France Médias Monde (maison mère de France 24 et RFI), étaient présents pour cette réunion à huis clos au ministère de la Culture, à l’exception du patron de Radio France, selon des sources concordantes, qui ont requis l’anonymat. Le CSA a décidé mercredi de révoquer M. Gallet à compter du 1er mars, après sa condamnation pour favoritisme lorsqu’il dirigeait l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), dont il a cependant fait appel. Radio France était représentée par Bruno Laforestrie, le patron de la radio Mouv’, et Eric Revel, le directeur de France Bleu. Selon une source proche du dossier, après un «petit moment de flottement» lié à l’absence de M. Gallet, la réunion a eu lieu dans un esprit «plutôt positif» et «sans tension particulière», la ministre saluant le travail fourni par les entreprises de l’audiovisuel public. Les entreprises du secteur avaient été chargées fin décembre par Françoise Nyssen de plancher sur cinq chantiers prioritaires, qui comprennent, outre la jeunesse et l’offre de proximité, les coopérations internationales, le numérique, et les synergies en matière de ressources. Leurs propositions, confirmant un article des Echos, reprennent largement des pistes déjà connues, comme la mise en place d’une matinale d’info commune à France 3 et France Bleu, la mise en commun de certains bureaux en régions ou à l’étranger, la mutualisation d’une partie des achats ou une coopération en matière de formation Avancer «sans tabous» : Elles incluent également des projets déjà bien avancés, comme la plateforme numérique culturelle de l’audiovisuel public (en décembre, la directrice de France Culture, Sandrine Treiner, avait indiqué qu’elle visait un lancement avant le printemps), ou la future plateforme de vidéo sur abonnement de France Télévisions, qui pourrait accueillir des contenus issus d’Arte et de l’Ina. Si ces propositions sont très consensuelles, la réforme que conduira le gouvernement pourrait être beaucoup plus radicale et suscite de fortes inquiétudes au sein du service public.Des craintes alimentées par la fuite mi-novembre d’un document de travail du ministère de la Culture, qui proposait pêle-mêle de réunir les groupes du secteur dans une holding, sorte de «BBC à la française», de fusionner France 3 et France Bleu, de supprimer France Ô (la chaîne des Outremer) ou encore de cesser la diffusion hertzienne de France 4 et du Mouv’. Ces inquiétudes ont été amplifiées en décembre par des déclarations au lance-flammes du président Emmanuel Macron, lors d’une réunion avec des députés. «L’audiovisuel public, c’est une honte pour nos concitoyens», avait rapporté Télérama, tandis que l’Express affirmait qu’il aurait déclaré «L’audiovisuel public est la honte de la République», une phrase toutefois démentie par l’Elysée. Lors de ses voeux fin janvier, la ministre de la Culture a dit vouloir avancer «sans tabous» et «faire une transformation très ambitieuse, très audacieuse» de l’audiovisuel public, pour qu’il reste «une référence».