Présidentielle: les «fake news» ont représenté moins de 0,1% d’un total de 60 millions de tweets politiques

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Loin d’un «tsunami» de fausses nouvelles, les «fake news» ont représenté moins de 0,1% d’un total de 60 millions de tweets politiques passés au crible durant l’élection présidentielle de 2017, et ont surtout été échangées par des twittos affiliés à François Fillon et Marine Le Pen, selon une étude du CNRS et de l’EHESS. L’an dernier, des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique et de l’Ecole des hautes études en sciences sociales avaient lancé le «Politoscope», un outil visant à analyser les interactions sur Twitter liées à l’élection présidentielle. Les conclusions de ce projet ont été publiées ce mercredi dans la revue américaine PLOS ONE.
L’équipe du Politoscope a analysé les interactions entre 2,4 millions de comptes Twitter, durant les primaires et la campagne présidentielle (de juin 2016 à mai 2017), soit en une manne de 60 millions de tweets politiques. Elle a d’abord cherché à catégoriser les auteurs selon leur appartenance à des «communautés» liées à un candidat ou une candidate, puis à cartographier et à suivre leur évolution. Un exercice qui lui a permis d’observer les changements d’allégeance parfois très rapides au sein de la «politosphère»: ils montrent ainsi à l’aide de la datavisualisation comment les juppéistes sont restés globalement à l’écart du camp Fillon pendant la primaire de la droite, alors que les sarkozystes s’y sont peu à peu ralliés, puis s’en sont largement détachés après les révélations sur Penelope Fillon. L’autre grand axe d’étude a porté sur les «fake news» ou fausses nouvelles: l’équipe du Politoscope a analysé les tweets relayant sous forme de liens des intox identifiées comme telles par les «décodeurs» du «Monde». Résultat: près de 5.000 tweets ont été détectés, soit moins de 1% du corpus de tweets analysés (0,081%). «Les chercheurs n’ont donc pas observé un «tsunami de fake news» sur ce réseau social, même s’ils estiment que ces chiffres sont en dessous de la réalité» car ils n’intègrent qu’une partie des intox ayant circulé, souligne un communiqué présentant l’étude.
Les chercheurs ont en outre regardé si les auteurs de ces tweets appartenaient à une «communauté» politique ou à la «mer», c’est-à-dire la masse des twittos politiquement non affiliés. Il en ressort que ces «fake news» étaient relayées surtout par des membres des «communautés» politiques, la «mer» ne représentant que 18,9% de ces 5.000 tweets (contre 43,44% dans l’échantillon total de l’étude).Et «selon leurs analyses, 50,75% des fausses informations ont été tweetées au sein de la communauté Fillon et 22,21% au sein de la communauté Le Pen», précise le communiqué, qui conclut que «ces deux communautés ont donc émis la grande majorité des fausses informations ayant circulé sur Twitter».