Affaire Conforama: le magazine économique «Challenges» espère que la liberté d’informer prévaudra

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Le magazine économique «Challenges» a espéré lundi que la liberté d’informer prévaudrait, lors du procès en appel qui l’opposera jeudi à l’enseigne d’ameublement Conforama, laquelle l’avait fait condamner début 2018 pour avoir publié des informations à propos d’une procédure confidentielle.

«La liberté de la presse est une chose indispensable en démocratie», a déclaré à des journalistes Claude Perdriel, président du groupe de presse «Challenges», qui édite plusieurs magazines dont l’hebdomadaire économique.

«Nous tenons bon dans notre position et je pense qu’en appel le jugement va être revu», a souligné le vétéran de la presse magazine, qui estime avoir été traîné 250 fois en procès en tant que patron de presse ces 50 dernières années.

«C’est assez grave, car si ce jugement n’était pas remis en cause, cela ferait jurisprudence pour la presse écrite et ce serait une remise en cause de notre métier», fait-il valoir.

En janvier 2018, «Challenges» avait révélé que Conforama (filiale du groupe sud-africain Steinhoff) avait été placé sous mandat ad hoc, une procédure d’aide aux entreprises en difficulté dont les parties prenantes sont soumises à une obligation de confidentialité en vertu du Code du commerce (art. 611-15). Conforama avait attaqué «Challenges» en référé sur la base de cette obligation, estimant qu’elle s’appliquait au magazine, et le tribunal de commerce lui avait donné raison en ordonnant le retrait de l’article incriminé du site de l’hebdomadaire.

«Challenges» avait déposé un recours, et, après le rejet en début d’année d’une demande de QPC (question prioritaire de constitutionnalité), l’affaire sera examinée jeudi par la cour d’appel de Paris.

Cette instance devrait rendre sa décision dans quelques semaines, selon Didier Leick, l’avocat du magazine. L’affaire a suscité une vive émotion dans la presse et l’hebdo a reçu le soutien d’une vingtaine de Sociétés de journalistes, de Reporters sans frontières, ou encore du collectif «Informer n’est pas un délit».

Au-delà du cas particulier de Challenges, «pour la presse économique, c’est particulièrement important, alors qu’un glacis est en train de se former avec la loi sur le secret des affaires», a estimé Vincent Beaufils, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire, pour qui cette affaire est comparable aux «procédures-baillon» initiées par certaines entreprises pour décourager les journalistes d’enquêter sur elles.