Applications de traçage: le commissaire européen Thierry Breton met en garde contre les divisions

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Le commissaire européen Thierry Breton a insisté mardi sur la nécessité que les applications de traçage développées pour lutter contre le coronavirus puissent fonctionner partout dans l’UE, alors que la France et l’Allemagne notamment ont des approches techniques différentes. «La question de l’interopérabilité est cruciale: les citoyens européens doivent pouvoir être alertés sur une possible contagion de façon sécurisée et protégée, où qu’ils se trouvent dans l’UE, et quelle que soit l’application qu’ils utilisent», a déclaré le commissaire chargé du Marché intérieur lors d’une vidéoconférence des ministres européens des télécoms.
Un travail se poursuit au niveau technique entre les Etats membres avec le soutien de la Commission pour permettre le fonctionnement de ces applications au-delà des frontières nationales dans l’UE, qui devrait déboucher sur des «résultats concrets» dans les dix prochains jours, a-t-il indiqué. Dans le cadre de leur stratégie de déconfinement, de nombreux pays européens développent des applications pour smartphones de traçage des contacts, destinées à alerter un utilisateur s’il a côtoyé une personne infectée par le virus.
Outre l’interopérabilité des systèmes, la Commission européenne recommande que le recours à ces applications se fasse sur une base volontaire, qu’elles soient transparentes, temporaires, qu’elles utilisent des données anonymisées et reposent sur la technologie Bluetooth et non la géolocalisation. La France, comme le Royaume-Uni, favorisent une architecture «centralisée», dans laquelle le smartphone va vérifier sur un serveur central si le pseudonyme de l’utilisateur est dans la liste des contacts croisés par une personne contaminée.
L’Allemagne, à l’instar de la plupart des Etats membres, privilégie désormais une approche «décentralisée» dans laquelle cette vérification se fait au niveau du smartphone et non d’un serveur central. «Nous ne devons pas nous laisser diviser par ces deux approches différentes», a espéré M. Breton, soulignant que les deux méthodes étaient permises selon les recommandations de la Commission, à condition qu’elles respectent des garde-fous en matière de respect de la vie privée et de sécurité. D’un point de vue technique, cependant, il est plus facile de rendre les applications compatibles si elles suivent la même approche.
L’approche décentralisée est également celle proposée par les géants américains Apple et Google, qui contrôlent les deux grands magasins d’applications mondiaux (App store et Google Play store) et veulent proposer rapidement un socle commun pour une application de traçage de contacts.