Jean de Dieu dirige Haïti d’une main de fer, sourd aux critiques du peuple. Mais un beau jour, le pays se révolte: le film «Moloch tropical», co-produit par Arte, est directement inspiré des années noires de l’île et analyse les dérives du pouvoir. Initialement prévu pour le grand écran, le film (1h46) réalisé par Raoul Peck («L’école du pouvoir», «L’affaire Villemin», «Lumumba») a finalement été co-produit par la chaîne franco-allemande, qui le diffusera le 10 septembre à 20h45. Jean de Dieu (Zinédine Soualem), président «élu démocratiquement», vit depuis des années reclus dans son palais-forteresse niché au sommet d’une montagne. Entouré d’une multitude de gardes du corps et de collaborateurs, il ne sort jamais de sa résidence. Un jour il organise une grande soirée commémorative, où devraient être présents les dignitaires et chefs d’Etats étrangers, mais le peuple se révolte, exténué par la détérioration de ses conditions de vie. Jean de Dieu, qui se prend pour «le Christ Rédempteur», ne comprend pas: «depuis quand le peuple sait ce qu’il veut ?». Il envoie sa milice réprimer les révoltés dans le sang. Raoul Peck s’est très largement inspiré de Jean-Bertrand Aristide, président de Haïti à plusieurs reprises, entre 1991 et 2004. Le film revient également sur un épisode délicat de l’histoire franco-haïtienne, qui a récemment défrayé la chronique: le paiement des 90 millions francs-or imposé par le roi Charles X (1824-1830) pour accorder l’indépendance à Haïti.