Audrey AZOULAY : « Nous nous donnons pour objectif d’atteindre près de 1.000 heures de fictions produites en France d’ici 2-3 ans »

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Audrey AZOULAY Ministre de la Culture et de la Communication

Interrogée vendredi dernier dans le cadre d’une rencontre informelle au Festival de Fiction TV de La Rochelle, Audrey AZOULAY, Ministre de la Culture et de la Communication revient pour media+ sur sa vision de la ction en France.

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La Fiction française se porte bien. Quelles sont vos ambitions en la matière ?

Audrey AZOULAY

On assiste à un renouveau qualitatif important de la ction française avec des œuvres plus audacieuses qui abordent aujourd’hui des thèmes de société qu’elles ne traitaient pas auparavant. Ces ctions sont couronnées de succès. Cette dynamique se poursuit sur l’ensemble des chaînes y compris sur le service public. Notre souhait est d’accompagner ce mouvement, en commençant par le soutien à l’écriture à travers quelques mesures que j’ai développé. D’autre part, le relèvement du crédit d’impôt de 20 à 25% pour les oeuvres de ction va se traduire par 40 M€ au béné ce de la production française. A n d’augmenter les ressources sur la production, le régime du parrainage en télévision doit évoluer. Des recettes supplémentaires pourront être ainsi récupérées. Parmi les autres dé s, il faut accroître le volume de ction produite en France. Cela s’accompagne notamment par une diversi cation de l’offre : séries de 26’, formats de journée et en 2ème partie de soirée. Nous nous donnons pour objectif d’atteindre près de 1.000 heures de ctions produite en France d’ici 2-3 ans (contre 743 heures en 2015 selon le CNC, ndlr). Il est important que les producteurs puissent disposer de «plages d’audace» pour oser entreprendre de nouvelles ctions. Les Français y sont prêts. Cette diversité des cases horaires rétroagit sur ce que l’on écrit.

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Face à des géants américains tels que Netflix ou Amazon, le modèle français est-il menacé ?

Audrey AZOULAY

Non, je ne le crois pas. En revanche, il est important que ces acteurs étrangers puissent contribuer au nancement de la création européenne, comme tous les autres diffuseurs. C’est le sens des débats que nous avons actuellement à Bruxelles sur la révision de la directive des services de médias audiovisuels. L’idée est de pouvoir faire contribuer ces services de vidéos à la demande, d’où qu’ils soient installés, dès lors qu’ils servent le marché européen. La commission européenne nous a entendus puisque cela gure dans son projet de révision de directive.

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L’export peut-il devenir un relais économique important pour la fiction française ?

Audrey AZOULAY

Sur l’export, nous avons tous les atouts artistiques nécessaires pour nous adresser au public mondial. Le secteur de l’animation par exemple s’exporte très bien puisque les projets sont pré nancés par de multiples diffuseurs étrangers. Toute la chaîne créative a donc intérêt à ce que les séries s’exportent. A ce titre, nous doublons en 2017 l’aide sélective à l’export du CNC et nous la simpli ons pour donner plus de marges de manœuvres aux distributeurs. Ce soutien à l’export passera de 1,7 M€ par an actuellement à 3,4 € en 2017.

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Quelles fictions considérez-vous comme audacieuses ?

Audrey AZOULAY

La fiction est un genre audiovisuel puissant. Le public actuel est tout-à-fait mature pour qu’on lui propose des oeuvres pouvant laisser des traces. On l’a vu ces derniers mois à travers des unitaires poignants qui ont rencontré leur public. La ction doit être diversi ée. Et parmi les ctions françaises que j’ai pu regarder, j’ai trouvé formidable l’unitaire «Ne m’abandonne pas» ainsi que la série «Le Bureau des Légendes». Cette dernière s’appuie sur une continuité narrative, une exigence d’écriture ainsi que sur des personnages de second plan très bien traités. Concernant les séries étrangères, j’ai trouvé formidable «Borgen» autour de ce personnage de femme politique et son rapport direct au réel.