Christine BOUILLET, Directrice de la programmtion du groupe M6

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Afin d’en savoir davantage sur les prochaines nouveautés en matière de séries télévisées étrangères sur M6, média+ s’est entretenu avec Christine BOUILLET, Directrice de la programmation du Groupe M6. Elle revient sur les ambitions de la chaîne en matière de séries TV, détaille les critères déterminants pour le choix des franchises, et nous explique plus globalement les rouages de la programmation de la chaîne. Entretien. 

MEDIA +

M6 proposera au printemps «NCIS: New Orleans». Un succès en devenir?

CHRISTINE BOUILLET

Nous l’espérons ! «NCIS : New Orleans» est le 2ème spin-off de la franchise «NCIS» après «NCIS : Los Angeles». Cette production se déroule à la Nouvelle-Orléans avec Scott Bakula, le héros de «Code Quantum». Produite par le showrunner Gary Glasberg («Mentalist», «Bones»,…), «NCIS : New Orleans» a bénéficié des talents de Marc Harmon, l’agent Gibbs de «NCIS» en production exécutive. La série a démarré aux Etats-Unis en septembre dernier avec succès. Il s’agit du meilleur démarrage depuis 10 ans pour une nouvelle série. Cette dernière rassemble en moyenne 18 millions de téléspectateurs chaque semaine. Le programme s’affiche en 2ème position des meilleures séries sur le marché américain, derrière «NCIS» l’originale qui réunit près de 20 millions de fidèles chaque semaine. 

MEDIA +

Quels sont les critères d’acquisition des séries étrangères pour M6 ? 

CHRISTINE BOUILLET

Nos séries doivent être larges, familiales, grand public avec une petite touche d’humour. C’est le cas de «NCIS», «Bones» ou encore «Desperate Housewives». Chaque année en Prime Time, de nombreuses nouvelles saisons sont proposées à l’antenne. C’est le cas pour «Elementary», «NCIS : Los Angeles», «Bones», etc.  Nous testons 2 à 3 nouvelles séries chaque année. Nous sommes toujours inquiets de l’usure d’anciennes franchises. C’est pourquoi, nous sommes toujours à l’affût de nouvelles séries. Nous avons tenté d’aller sur le genre fantastique avec «Under The Dome». C’est un style que nous voudrions creuser car il répond à une tendance de séries courtes, hyper feuilltonnantes et familiales.

MEDIA +

Les séries grand public ne manquent-elles pas d’aspérités artistiques ?

CHRISTINE BOUILLET

Le but de ces programmes ont un objectif clair : divertir. Ensuite, il y a des séries plus pointues qui délivrent un vrai message et qui s’adressent à un public plus ciblé. Ces dernières nous intéressent également mais nous les diffuserons plus tard. C’est le cas de «Sons of Anarchy» dont la 7ème saison est en stock.

MEDIA +

Pas de séries européennes pour M6?

CHRISTINE BOUILLET

Pas pour le moment en tout cas ! Les séries européennes sont d’un bon niveau, mais elles sont aussi très locales dans les histoires racontées. Pour l’instant, elles n’ont pas encore d’impact universel.

MEDIA +

Certaines chaînes proposent jusqu’à trois épisodes d’une série par soirée. Est-ce pour s’en débarrasser ?

CHRISTINE BOUILLET

Non, absolument pas ! Sur le papier, enchaîner trois épisodes d’une série par soirée peut être troublant. Mais en réalité nous nous adaptons à une logique de consommation du téléspectateur. Lorsque vous visionnez le 1er épisode d’une série, vous n’avez qu’une envie, regarder la suite. Aux Etats-Unis, les chaînes ne diffusent qu’un épisode par soirée et par semaine. En France, nous n’avons pas la même culture de programmation. M6 diffusait à l’époque «La Trilogie du samedi» qui était un bloc de programmes avec trois séries différentes par soirée. Nous constations que  les audiences de la 2ème série programmée baissaient naturellement. C’est bien la preuve que les téléspectateurs – au cours d’une même soirée – n’ont pas envie de s’investir sur un autre programme. Nous le constatons dans les chiffres ainsi que dans notre expérience personnelle.

MEDIA +

D’autres nouveautés en vue ?

CHRISTINE BOUILLET

Oui, la série «Scorpion» débarque le 5 mars sur M6. C’est un programme qui mêle aventure et enquête policière avec un héros qui a 197 de QI. La série a fait un bon démarrage aux Etats-Unis. Elle avait été très bien programmée derrière «The Big Bang Theory». C’est un programme sans prétention, du pur «entertainment».

MEDIA +

Plus globalement, quels sont les rouages d’une programmation de grille ?

CHRISTINE BOUILLET

C’est une mécanique bien huilée. La grille évolue constamment. C’est de l’horlogerie. Il faut être très réactif, changer une émission de case par exemple. On se pose toujours 1.000 questions. Nous étudions bien les cibles, les courbes, afin de savoir si les gens ont décroché ou adhéré. Si nous constatons un comportement bizarre, nous nous adaptons. La programmation c’est aussi un tas de contraintes autour de la  gestion des quotas d’œuvres. Nous ne devons pas diffuser plus de 40% d’œuvres américaines. Entre 18h et 23h, nous devons proposer 60% minimum d’œuvres audiovisuelles européennes et françaises. Même chose pour le cinéma. Pas plus de 40 films américains chaque année, sans oublier les quotas musicaux ou les jours interdits de cinéma (mercredi, vendredi, samedi).