Patrice GELINET, Membre du CSA & Président du groupe de travail Langue française et francophonie

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Hier matin, dans le cadre d’un point presse, le CSA a présenté  la 1ère journée de la langue française dans les médias audiovisuels qui se tiendra le 16 mars prochain. Pour en savoir davantage, média+ s’est entretenu avec Patrice GELINET, Membre du CSA & Président du groupe de travail Langue française et francophonie.  

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Quelle est la vocation de cette première journée de la langue française dans les médias audiovisuels organisée le 16 mars. En quoi consiste-t-elle ? 

Patrice GELINET

Parmi toutes les missions du Conseil supérieur de l’audiovisuel, nous veillons à la défense et à l’illustration de la langue française. A ce titre, en organisant lundi 16 mars une journée dédiée à la langue française dans les médias audiovisuels, nous envoyons un signal fort. Radios et chaînes de télévision en France consacreront une partie de leurs programmes à la langue française.

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Êtes-vous choqué par le trop plein d’anglicismes dans les médias audiovisuels?

Patrice GELINET

Bien entendu ! Et il n’y a pas que moi que ça choque. De nombreuses personnes écrivent au CSA pour se plaindre de l’abus des anglicismes ou de grossièretés. Mais bon, du moment que ces grossièretés sont en français, ça peut passer. D’autre part, vous avez des anglicismes qui sont passés dans le langage courant. Du coup, il n’est pas question de prohiber les mots anglais des médias français. Il faut savoir que beaucoup de termes anglo-saxons proviennent du français.

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Le phrasé audiovisuel reste tout de même très anglais : Prime, Access, Live,…

Patrice GELINET

Cela ne me gène pas mais je n’en vois pas vraiment l’utilité dès lors qu’il existe des mots français pour les illustrer. Nous pouvons très bien parler de «première partie de soirée», «d’avant soirée» ou de «direct». Même chose pour la «matinale» souvent rebaptisée «morning». Toutefois, il n’est pas aisé de faire passer dans le langage courant l’équivalent d’un mot anglais en français. Mais on y arrive. C’est une question d’habitude.

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La journée du 16 mars va-t-elle éveiller les consciences des médias ?

Patrice GELINET

Cette journée est inédite. L’ensemble des radios et des télévisions de France vont participer à cette journée pour promouvoir la langue française. Néanmoins, nous restons lucides. Cette journée ne suffira pas. Elle démontre la volonté du CSA de faire en sorte que le français soit mieux traité dans l’audiovisuel. En globalité, les médias audiovisuels sont assez exemplaires en la matière. Il faut faire aussi attention aux puristes qui passent leur temps à traquer les fautes de français, à protester dès que l’on commet une erreur et qui finissent par figer la langue. 

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Que pensez-vous des titres anglais des émissions ? («The Voice», «Tahiti Quest», etc.) ? 

Patrice GELINET

On ne sanctionne pas une chaîne dès lors qu’elle titre ses émissions en anglais. D’ailleurs, «The Voice» dispose d’un sous-titre : «la plus belle voix». Il y a une vraie souplesse de la part du CSA. La plupart du temps, nous nous concertons avec les opérateurs. Nous préférons leur parler, les convaincre plutôt que les contraindre. Par exemple, la chaîne Gulli s’est engagée à faire en sorte que ses titres d’émissions soient majoritairement en français.