Christophe TARDIEU, Directeur Général du CNC

376

«Sunny Side of the Doc», le marché international du documentaire a ouvert ses portes hier à La Rochelle. Pour en savoir davantage sur l’état de ce secteur dynamique avec 2.590 heures de documentaires audiovisuels produites l’année dernière, média+ s’est entretenu avec Christophe TARDIEU, Directeur Général du CNC.

media+

Le documentaire représente le volume le plus important de la production audiovisuelle française avec 2.590 heures produites en 2014. Quelle est votre analyse du marché ?

Christophe TARDIEU

Ce qui m’impressionne dans le documentaire, c’est qu’il s’exporte très bien. C’est un bon signal pour la production audiovisuelle et cinématographique en France. Pour la 4ème année consécutive, les ventes de documentaires français à l’international progressent de 3,7% à 30,8M€ en 2013. Les documentaires génèrent 22,5% des ventes de programmes télévisuels à l’étranger. Les ventes et préventes atteignent 40,2M€. Nous présenterons prochainement des mesures visant à soutenir l’exportation. Deuxièmement, je note une très grande diversité des formats documentaires. Là aussi, c’est particulièrement encourageant. Cela signifie que le genre ne se déploie pas uniquement sur des cases formatées. Trois thèmes dominent l’offre de documentaires diffusés sur les chaînes nationales gratuites : société (32,6% du volume horaire), nature/animaux (17,8%) et tourisme/loisirs/sport/géographie (12,8%). Troisièmement, en dépit des angoisses et des inquiétudes qui sont compréhensibles, il y a un vrai dynamisme. Des sociétés de production se créent quotidiennement. Le documentaire se porte bien même si la réforme du Cosip est particulièrement compliquée à mettre en œuvre.

media+

Pourquoi cette réforme est-elle compliquée à mettre en place ?

Christophe TARDIEU

Du moment où l’on initie une réforme, qu’elle touche la fiction, le cinéma ou le documentaire, tout est complexe du fait qu’il y ait plein de sociétés ayant toutes des économies distinctes. Par ailleurs, cette réforme s’est faite un peu sur une notion de plus-value culturelle, ce qui est quand même l’objectif du CNC. Nous dépendons du Ministère de la Culture et de la Communication, et il est logique que nous ayons une préoccupation culturelle sur ce point. Enfin, c’est la 1ère réforme d’ampleur sur le documentaire depuis 15 ou 20 ans. C’est donc assez normal que cela se mette en place. Après, le CNC a sa part de responsabilité. Il y a des points sur lesquels il faut absolument que nous nous améliorions.

media+

Sur quel domaine le CNC doit-il s’améliorer ?

Christophe TARDIEU

Nous devons nous améliorer dans la durée de traitement des dossiers et être beaucoup plus rapides. Les temps de délais de traitement sont aujourd’hui de 5 à 7 mois. C’est beaucoup trop long. Notre idéal serait d’arriver à 2 mois de traitement courant 2016.

media+

Le marché documentaire reste essentiellement porté par les chaînes historiques et notamment le service public…

Christophe TARDIEU

Pas uniquement ! Les télévisions locales jouent un rôle essentiel dans les documentaires à l’économie fragile. Après, le genre documentaire demeure fortement exposé sur le service public, mais on le retrouve aussi en TNT et sur les chaînes locales. Le volume de documentaires proposés en 2014 sur les chaînes nationales gratuites s’élève à 23.101 heures, selon Médiamétrie. La part du documentaire dans l’offre de programmes de l’ensemble des chaînes nationales gratuites s’établit à 14,7%. RMC Découverte, Arte et France 5 sont les principaux diffuseurs de documentaires parmi les chaînes nationales gratuites.