Des experts de l’ONU appellent les Etats à garantir un accès juste et sûr des enfants au numérique

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Des enfants assis par terre dans un parking pour accéder à la wi-fi d’un restaurant afin de suivre leurs cours en ligne: pour lutter contre de telles inégalités, des experts de l’ONU ont appelé mercredi les Etats à garantir un accès juste et sûr des plus jeunes aux technologies numériques. 

«Les gouvernements doivent vraiment réfléchir aux moyens de donner le plus large accès numérique possible à tous les enfants», souligne Philip Jaffe, un membre du comité des experts indépendants sur les Droits des enfants. «Pas seulement pour les protéger mais pour aider à leur développement», insiste l’expert mandaté par l’ONU. Il a publié mercredi, avec ses 17 collègues, leur première interprétation des droits numériques des enfants, dans le cadre de la Convention internationale des droits de l’enfant. 

La pandémie et la fermeture des écoles ont jeté une lumière crue sur les inégalités de l’accès à internet et aux technologies numériques. «Nous sommes dans une phase de transition sociétale» et «nous devons nous assurer que le facteur humain n’est pas laissé au bord du chemin parmi ces immenses progrès techniques», souligne M. Jaffe. «Si on n’arrive pas à l’inclusion numérique, les inégalités déjà existantes vont se creuser et de nouvelles vont voir le jour», soulignent les experts. Si Philip Jaffe reconnaît qu’à l’heure actuelle «il est tout à fait impossible d’avoir une norme universelle», étant donné que les pays ont des moyens très disparates pour fournir un accès numériques aux enfants, il n’en juge pas moins qu’il est important «de continuer à promouvoir cette approche basée sur la non discrimination». 

Le rapport est le fruit de deux ans de travail et de consultations de nombreux interlocuteurs, y compris plus de 700 enfants et jeunes adultes âgés de 9 à 22 ans pour bien comprendre comment le numérique affecte leurs droits. S’ils plaident pour l’accès au numérique, les experts soulignent que les Etats doivent aussi se doter des moyens de protéger les enfants «de contenus dangereux et qui ne sont pas dignes de confiance». «Le monde numérique est un monde dangereux pour de nombreux enfants. Et qui n’est pas réglementé», explique M. Jaffe, qui regrette le manque d’initiatives simplement parce qu’il n’y a pas d’obligation légale. 

Les experts proposent par exemple l’introduction d’un système imposant une limite d’âge vérifiable pour avoir accès à certains contenus ou encore de mieux surveiller les «chats» -souvent utilisés par des prédateurs sexuels- et d’en interdire l’usage avant un certain âge. Une plus grande réglementation doit forcer les «acteurs commerciaux à offrir des contenus responsables», juge M. Jaffe. 

Le comité souligne aussi l’importance de protéger le droit à la vie privée des enfants, par exemple en interdisant aux entreprises de commercialiser les données collectées quand les enfants sont en ligne. «Certaines entreprises peuvent accéder à des données sur leur développement sexuel, leurs habitudes de masturbation ou des problèmes de santé, ce qui peut limiter leur capacité à trouver un travail ou avoir accès à des soins», souligne-t-il. «Le respect de la vie privée est vraiment fondamental», insiste M. Jaffe.