Euronews: la division de la rédaction mise à jour par une motion de défiance

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Plus de deux cents salariés d’Euronews ont exprimé leur défiance envers leur direction dans un scrutin organisé sans l’appui des principaux syndicats, ce qui atteste de la division de la rédaction de la chaîne d’information paneuropéenne. Selon un «groupe des travailleurs d’Euronews», 205 personnes ont répondu «non» à la question «faites vous confiance à la direction d’Euronews dans sa gestion ?». Le «oui» a recueilli 34 voix et 52 personnes n’ont pas voulu se prononcer. 434 personnes s’étaient inscrites pour participer au scrutin et 291 ont exprimé un vote. 

Euronews emploie 389 salariés en contrat à durée indéterminée, mais ses effectifs dépassent les 800 sur les sites de Lyon et Bruxelles concernés par le vote, en comptant intérimaires et pigistes. «Ce vote, quoique symbolique et n’ayant pas de valeur légale, doit envoyer un message fort à la direction en ce  moment de licenciements de dizaines de salariés, de réduction ou de suppression de services linguistiques, ainsi que de prise de décision de gestion stratégique erratique», a commenté jeudi FO, le seul syndicat à avoir appuyé l’organisation du scrutin. 

Les autres syndicats de l’entreprise (CGT, SNJ, CFDT et CGC), qui ont recueilli 82% des voix aux élections professionnelles, avaient refusé d’organiser ce scrutin. Soutenant globalement le plan de développement de la direction, ils ont préféré négocier pour en atténuer les mesures les plus dures et estiment avoir obtenu d’importantes avancées. Les organisateurs du scrutin ont donc dû contacter individuellement les salariés afin d’obtenir leur adresse mail personnelle pour permettre ce vote électronique. L’invitation était adressée aux «journalistes, techniciens et services directement liés à la rédaction», selon FO. 

Tous les membres de la rédaction n’ont toutefois pu être joints et certains votes n’ont pas été enregistrés pour des raisons techniques. Interrogée, la direction d’Euronews a «pris acte» du résultat du vote, tout en s’interrogeant sur la composition du panel de votants. «Le dialogue social continue», a-t-on ajouté de même source. «Je respecte totalement la démarche (des organisateurs du scrutin), mais je n’ai pas à m’exprimer sur un vote que je n’ai pas organisé», a commenté pour sa part Alexis Caraco, délégué CGT. Le vote, qui s’est déroulé sur deux jours, est intervenu dans un climat tendu. La veille, les quatre syndicats majoritaires avaient ratifié des mesures d’accompagnement au plan social lancé par la direction, qui prévoyait initialement la suppression de 35 postes. 

Un collectif anonyme, «Not in my name», a invité la rédaction à se réunir à 15h00 dans le hall de l’entreprise pour «marquer (son) attachement à Euronews». «Nous ne soutiendrons jamais les actions qui nuisent à Euronews, au devenir de notre chaîne et donc à nos emplois», écrit-il dans un tract.