Festival du film d’Asie: les chinois, grands gagnants

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Mon défi fou cinéma

Les deux principaux prix du plus grand festival du lm d’Asie ont été décernés samedi matin à des lms chinois, les juges saluant leurs deux visions très différentes de la réalité moderne de leur pays. «The Knife in the Clear Water», de Wang Xuebo, et «The Donor», de Zang Qiwu, ont été tous deux déclarés vainqueurs du prix «Nouveaux talents» au 21ème Festival international du lm de Busan (Biff), en Corée du Sud. Les réalisateurs recevront leurs prix et les 30.000 dollars (27.300 euros) qui les accompagnent samedi soir, lors de la clôture of cielle du festival. «Ces lms étaient incroyables», a déclaré le réalisateur malien Souleymane Cissé, président du jury. «Ils étaient ambitieux et sortaient de l’ordinaire». Le lm de Wang Xuebo, son premier, présente une vision lyrique de la vie souvent rude dans un village de montagne. Les juges ont salué une production «extrêmement photogénique» qui «sert de toile de fond à une parabole poétique sur le chagrin et la liberté».

Quant à Zang Qiwu, il s’est intéressé, lui aussi pour son premier lm, au problème des transplantations d’organes. «Le lm, au script excellent, joue autant sur les images que sur un timing impeccable et un superbe jeu d’acteurs. La conclusion est déchirante: si vous résistez à la destinée, vous allez perdre», a estimé Souleymane Cissé.

L’attribution des prix à deux lms chinois intervient alors que les relations entre Pékin et Séoul sont tendues après la décision de la Corée du sud d’installer un bouclier antimissiles américain sur son territoire. Cette mesure qui vise à faire menace aux menaces de la Corée du Nord est critiquée par Pékin, qui y

voit une atteinte à sa sécurité. Onze lms étaient en lice cette années dans la catégorie «Nouveaux talents». Selon Souleymane Cissé, tous ont impressionné les juges. «Nous avons vraiment pu ressentir la passion des réalisateurs», a-t-il dit. Le prestigieux festival est englué dans une dispute avec les autorités de Busan, la ville hôte, depuis la programmation en 2014 d’un lm sur la catastrophe du ferry Sewol. Ce documentaire, «Diving Bell» («Cloche de plongée»), fustigeait la gestion par le gouvernement du naufrage qui avait fait 304 morts, dont 250 lycéens, en avril 2014. De multiples enquêtes avaient ensuite visé les membres du comité organisateur du Biff, son directeur artistique Lee Yong-Kwan avait été acculé au départ, et les subventions publiques avaient subi des baisses inédites. Toutes choses interprétées comme des attaques contre l’indépendance du festival. Quatre groupements de cinéastes sud-coréens de premier plan, dont la Guilde des producteurs de Corée et la Guilde des réalisateurs de Corée (DGK), ont boycotté l’édition 2016. Ces groupements comptent des centaines de membres, parmi lesquels Park Chan-Wook, primé à Cannes, et Bong Joon-Ho, qui avait dirigé le lm de science-fiction à gros budget «Snowpiercer» en 2013 avec Tilda Swinton et John Hurt. Le sort réservé à l’ancien directeur artistique, accusé de détournement de fonds, suscite particulièrement la colère de ses partisans, qui le disent victime d’une vindicte politique. Des manifestations de soutien ont marqué le festival 2016.