France Télévisions: un climat social tendu

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A deux mois du choix d’un nouveau président, le climat social se tend à France Télévisions, où les syndicats organisent depuis le 29 janvier des grèves quotidiennes contre un projet de réorganisation du travail, ont indiqué plusieurs dirigeants syndicaux. 

Les principaux syndicats déposent chaque jour tour à tour un préavis de grève de 24 heures. Des grèves partiellement suivies qui perturbent les antennes, mais pas assez pour que le téléspectateur s’en aperçoive, ont expliqué des délégués de FO et du SNJ. «Nous demandons l’abandon du projet de réorganisation qui bouleverse les conditions de travail, notamment celles des techniciens, et entraîne des pertes de rémunérations», a expliqué Eric Vial de FO. 

Ces changements d’horaires sont liés notamment au projet d’unification des rédactions nationales de France 2 et France 3, baptisé «Info 2015». Autre demande, l’arrêt de l’externalisation de certaines émissions, réalisées chez des sous-traitants. 

Des salariés se plaignent par exemple de pauses imposées en milieu de journée afin, selon eux, d’éviter de leur payer des heures supplémentaires, ce qui perturbe la fabrication des JT. 

«Il n’y a plus de dialogue social car les dirigeants du groupe font leurs cartons», a lancé Eric Vial, allusion au choix du prochain président de France Télévisions en avril par le CSA, alors que le mandat de Rémy Pflimlin vient à échéance. Des contestations se manifestent aussi dans le pôle France 3 nord-est et à La Réunion, a-t-il ajouté. Depuis la signature d’un accord collectif en 2013, la direction prévoit d’unifier les conditions de travail entre les salariés de France 2 et France 3, afin notamment de réduire les coûts et mutualiser les moyens. 

Les syndicats dénoncent une application «déloyale» de l’accord, au point que la CFDT a décidé de «retirer sa signature», ont indiqué les syndicats. 

«Il n’y a plus de négociations, la direction attend que ça passe et ne prend plus de décision, instaurant un climat de fin de règne», a renchéri le délégué SNJ Serge Cimino, qui compte présenter sa candidature à la présidence. 

Côté direction, le DRH Patrice Papet a minimisé le conflit. «Les changements d’organisation génèrent des résistances chez une partie du personnel» mais la direction est «prête à faire des aménagements» et «fera des propositions», a-t-il dit. 

Quand au choix de la CFDT de retirer sa signature de l’accord collectif, «c’est un effet de manche», a-t-il jugé.