Grève à iTÉLÉ: le désaccord persiste

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La direction d’iTÉLÉ a fait mercredi des propositions pour tenter de mettre fin à la grève d’une durée sans précédent qui affecte la chaîne privée, mais les salariés, les jugeant «floues», ont reconduit leur mouvement pour un 24e jour, a-t-on appris auprès de ces derniers et de la direction. «Un règlement est proche» et «le dialogue est engagé au-delà du point social» prévoyant d’augmenter les indemnités de départ de certains salariés, a assuré la direction de Canal+, la maison mère d’iTÉLÉ. 

Le directeur de la rédaction, également directeur de la chaîne, Serge Nedjar, devrait s’entourer d’adjoints et l’émission de Jean-Marc Morandini, dont l’arrivée avait mis le feu aux poudres, serait placée sous l’autorité de la rédaction en chef de la chaîne, selon une source proche du groupe. Aucun salarié ne serait contraint de travailler pour l’émission de l’animateur, mis en examen dans une affaire de corruption de mineurs, a ajouté cette source. Les salariés de la chaîne ont pourtant voté mercredi la reconduction de leur grève pour un 24e jour d’affilée par 83% des voix, quelques minutes après avoir reçu ces propositions qu’ils réclamaient depuis le début du mouvement de grève le 17 octobre. Elles sont «floues», «alors qu’il y a urgence», ont commenté plusieurs membres de la rédaction. «Il y a toujours un point de blocage principal», a précisé un journaliste, évoquant «la double casquette de Serge Nedjar et sa personnalité perçue comme brutale par beaucoup de salariés». 

Les grévistes réclament toujours la mise à l’écart de Jean-Marc Morandini, la signature d’une charte éthique, la nomination d’un directeur de la rédaction distinct du directeur général, et, plus largement, la définition d’un projet stratégique et éditorial «clair et précis» pour la chaîne d’information en continu. La société des journalistes et les syndicats de la chaîne doivent maintenant répondre aux propositions de la direction. La ministre de la Culture Audrey Azoulay a pour sa part appelé la direction d’iTÉLÉ à tenir ses «engagements» d’indépendance de la rédaction. Elle a jugé que «jouer la montre, jouer l’épuisement qui commence à être réel de la part des équipes serait irresponsable». Le gouvernement souhaite rencontrer la direction d’iTÉLÉ «le plus rapidement possible» pour organiser une médiation sociale, a souligné de son côté la ministre du Travail Myriam El Khomri, qui avait reçu des syndicats de la chaîne lundi. 

Plusieurs députés écologistes, dont Noël Mamère et Cécile Duflot, ont également apporté leur soutien aux salariés d’iTÉLÉ en grève et défendu l’indépendance des journalistes, notamment face aux actionnaires. Pour rassembler leurs soutiens, les grévistes organisaient une soirée mercredi dans la salle parisienne du Bus Palladium, et comptaient sur la visite de trois ministres, dont ils n’ont pas donné les noms, et de plusieurs élus. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui a déjà émis deux mises en demeure contre iTÉLÉ, a rappelé de son côté qu’il pourrait prendre des sanctions si la direction de la chaîne ne respectait pas la charte de déontologie que la loi la contraindra à adopter. «C’est une grave inquiétude et une grande préoccupation», a expliqué mardi soir le président du CSA, Olivier Schrameck, sur la chaîne TV Tours au sujet de la grève à iTÉLÉ. «L’objectif reste de trouver un moyen de redresser l’audience et réduire les pertes d’iTÉLÉ, qui a perdu 100 millions d’euros en 5 ans», a rappelé la direction du groupe Canal+.