Haine en ligne: «La régulation n’est pas la censure», selon le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O

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Le secrétaire d’État au Numérique, Cédric O, a affirmé mercredi que «la régulation n’est pas la censure», au lancement des débats sur une proposition de loi LREM contre la cyberhaine, dont l’auteure Laetitia Avia clame aussi vouloir «protéger la liberté d’expression».

Cette liberté est «mise à mal à chaque fois que quelqu’un quitte les réseaux sociaux» pour ne pas s’exposer à des contenus haineux, a soutenu la députée de Paris.

Critiqué par certains élus d’opposition comme portant des risques de «censure», son texte prévoit que plateformes et moteurs de recherche auront l’obligation de retirer les contenus «manifestement» illicites sous 24 heures, sous peine d’être condamnés à des amendes jusqu’à 1,25 million d’euros. «La liberté de penser n’est pas la liberté de haïr, d’insulter, de menacer», a appuyé le secrétaire d’État, assurant n’être «ni libertaire, ni liberticide».

Et d’ajouter: «Le web doit rester un espace de liberté, mais le web ne peut devenir un espace de non-droit». «Nous avons, je crois, su trouver (…) une ligne de crête» qui «pose une valeur fondamentale: c’est à la justice indépendante, toujours, qu’il revient de déterminer in fine si un contenu est légal ou illégal», a complété M. O.

Et non pas «à l’exécutif ni aux réseaux sociaux eux-mêmes, ce qui serait, dans l’un ou l’autre des cas, un problème pour la démocratie». Cette proposition de loi «porte en elle mon histoire, celle d’une femme qui n’accepte plus» d’être traitée «de négresse sur les réseaux sociaux», a ajouté Mme Avia.

Elle porte aussi «l’histoire de milliers de nos concitoyens», d’après cette avocate de profession, pour qui «ce qui n’est pas toléré dans la rue ne doit pas davantage l’être sur internet».

«A vous, mes chers trolls (internautes publiant des messages intentionnellement provocateurs et offensants, ndlr), haters (cyberharceleurs, ndlr), têtes d’oeuf anonymes qui vous croyez seuls, cachés derrière vos écrans, vous qui êtes infiniment petits et lâches, sachez que nous nous battrons pour vous trouver et vous mettre face à vos responsabilités. Car ce que nous engageons, c’est la fin de l’impunité», a-t-elle conclu sous les applaudissements debout des députés de la majorité.

François Ruffin (LFI) a défendu en vain dans la foulée une motion de rejet préalable, lançant «une alerte» contre «un couvercle posé un peu plus sur la marmite France». Internet, c’est le pire, avec des «Gorgones déchaînées» sur les réseaux sociaux, mais «c’est aussi le meilleur», a affirmé l’élu de la Somme, notant que c’est là que «se réfugient les gens qui ne sont pas représentés», tels les «gilets jaunes», un mouvement «né sur Facebook».

«Les premiers à souffrir de la haine en ligne, ce sont souvent les plus faibles», lui a rétorqué Cédric O. L’Insoumise Danièle Obono a défendu sans davantage de succès une motion de renvoi en commission d’un texte ne présentant pas selon elle toutes les «garanties» pour éviter la censure.