Jaime ONDARZA, Senior Vice President de TURNER pour l’Europe du Sud
La nouvelle chaîne de séries WARNER TV a été lancée en exclusivité la semaine dernière dans les offres CANAL. Ce lancement vient ainsi renforcer le partenariat entre TURNER et le groupe CANAL+. Pour nous parler de la stratégie de la chaîne et de ses investissements sur le territoire français, média+ s’est entretenu avec Jaime ONDARZA, Senior Vice President de TURNER pour l’Europe du Sud.
MEDIA +
WARNER TV se lance dans un marché très concentré. Pourquoi ?
JAIME ONDARZA
L’offre en matière de séries et cinéma est en effet particulièrement riche. Mais à chaque fois qu’il y a davantage d’offres et d’acteurs, le marché s’embellit. Le renforcement de la concurrence signifie aussi plus de qualité pour le consommateur final. Pour WARNER TV, nous avons beaucoup travaillé avec CANAL, un pilier important de la stratégie. C’est avec eux que nous avons décidé de lancer cette chaîne. Et comme TURNER a un plan de développement ambitieux sur le «general entertainment», cette chaîne vient à point nommé. Disponible dans près de 7 millions de foyers, WARNER TV est disponible dans les offres CANAL (canal 42) de l’offre Essentiel Famille et également dans les offres Free TV Panorama by CANAL et Orange Famille by CANAL.
MEDIA +
Quelle est la logique du groupe TURNER avec WARNER TV ?
JAIME ONDARZA
Avant toute chose, nous faisons partie du groupe Time Warner. Et en interne chez TURNER, nous avons deux chaînes aux Etats-Unis : TNT et TBS qui rencontrent un succès en audience. Ces dernières produisent du contenu original et investissent plus d’1 milliard par an dans les programmes. Il y a quelques années, nous avions observé l’importance de contrôler tous les droits. C’est un modèle qui nous a permis d’être leader dans la jeunesse. Cartoon Network par exemple est la chaîne jeunesse la plus forte chez les garçons. Nous contrôlons le catalogue et nous conservons un niveau de qualité ambitieux. Si vous voulez être présent dans le marché, vous ne pouvez pas seulement être un «content aggregator» comme c’était le cas il y a quelques années. Il faut être son propre média avec ses contenus propres.
MEDIA +
Faites-vous aussi de l’acquisition pour alimenter WARNER TV ?
JAIME ONDARZA
Bien entendu. En France, WARNER TV est basée sur un contenu propre et sur celui de WARNER BROS. Nous avons des séries emblématiques comme «Gotham». Nous achèterons aussi des séries en externe ainsi que des films de cinéma. Nous avons finalisé des accords avec SONY, STUDIO CANAL. Si nous considérons une série cohérente et attractive pour la chaîne, nous l’achetons. A ce titre, nous lancerons «Grimm» au cours du premier semestre 2018, qui vient d’Universal.
MEDIA +
Avec WARNER TV, vous considérez-vous comme un robinet à séries ?
JAIME ONDARZA
Nous avons toujours essayé chez TURNER d’avoir beaucoup de respect et d’amour pour le produit. C’est une chaîne qui a beaucoup de séries mais aussi des films. Nous n’avons pas pour le moment de magazines, mais c’est une possibilité.
MEDIA +
Les séries sont consommées de plus en plus en non linéaire. L’arrivée d’une chaîne classique semble étonnant…
JAIME ONDARZA
Le temps passé devant la télévision reste particulièrement élevé. Avec la marque WARNER TV, nous avons la possibilité de proposer une chaîne linéaire et une offre non linéaire. C’est le meilleur des deux mondes. La télévision a toujours un rôle qui est celui de prendre la main du téléspectateur et de le conseiller.
MEDIA +
Comment structure-t-on une chaîne séries-cinéma ?
JAIME ONDARZA
En programmant une série sur la chaîne linéaire, nous sommes conscients qu’elle sera aussi accessible en non linéaire. Il s’agit donc de trouver les meilleurs jours de diffusion pour chacune des marques. Pour le week-end, nous privilégions les marathons de séries ainsi que des films de cinéma. Pour la programmation en Prime, on vise des franchises inédites, grand public. En journée, il y a une demande de séries de catalogue scomme «Nip Tuck» ou «The Closer».
MEDIA +
Quelle est la proportion d’inédits sur votre chaîne ?
JAIME ONDARZA
Sur la première année de WARNER TV, nous aurons 23 nouvelles séries ou saisons inédites, jamais vues à la télévision française. Tout ce qui est lié aux productions TURNER sera exclusif sur WARNER TV. On ne vendra plus de séries à d’autres acteurs. En revanche, les relations de business entre WARNER et les autres acteurs ne seront pas impactées. En avril, la chaîne inaugurera sa diffusion US+24 avec la série «Miracle workers» avec Daniel Radcliffe et Steve Buscemi, une comédie noire se déroulant aux portes du Paradis. Au dernier trimestre 2018, une case science-fiction développée par Ridley Scott arrivera également en US+24 sur WARNER TV.
MEDIA +
Quelle est la prochaine étape pour TURNER ?
JAIME ONDARZA
La France est un marché prioritaire pour nous. La production originale sera sans doute un élément important de notre stratégie. Nous avons déjà un projet concret de série en France. En Allemagne, nous avions lancé WARNER TV, puis nous avions consolidé son audience avant de produire des séries comme «4 Blocks».
