John HEINSEN, Vice-président en charge des nouveaux médias à la «Producers Guild of America»

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Comment la distribution numérique va-t-elle modifier la production dans le futur ? Nous avons posé la question à John HEINSEN, Vice-président en charge des nouveaux médias à la «Producers Guild of America» dans le cadre du «Content and Multiscreen Experience» du Festival TV de Monte-Carlo.

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Avec l’émergence des productions audiovisuelles dédiées au numérique, quelle est l’analyse de la «Producers Guild of America» ?

John HEINSEN

Il n’y a pas de normalisation du marché, ni de standard de production sur le numérique. La longueur d’un contenu peut différer d’une vidéo à une autre. Les budgets eux aussi varient largement. Prenons par exemple une sitcom américaine produite pour un network traditionnel. Son budget moyen est d’1,5 million de dollars l’épisode de 28’. Je vous laisse diviser le coût à la minute, ce qui fait un peu moins de 55.000 dollars. A présent, si nous transférons ce schéma sur l’espace numérique, les investisseurs vont dépenser entre 1.000 et 5.000 dollars la minute. En tant que syndicat des producteurs américains, nous sommes convaincus que les dollars investis dans la production doivent être dépensés dès le départ pour le contenu, et non après-coup pour faire du marketing. Si vous faites une prévision budgétaire équilibrée, cela reviendra toujours moins cher.

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Les producteurs US subissent-ils la mutation du secteur audiovisuel ?

John HEINSEN

Rien n’est standardisé une fois encore. Le mois dernier, le groupe de télécommunication Verizon a racheté AOL pour se développer dans la vidéo sur téléphone mobile. Autre exemple, le 4ème opérateur de téléphonie aux Etats Unis, T- Mobile devrait se marier avec Dish Network, le 2ème opérateur de télévision par satellite. Toutes ces nouvelles fusions et acquisitions vont créer de nouvelles entités qui vont déterminer les nouveaux business model. Les producteurs continueront de batailler pour conserver la qualité de leurs programmes en dépit de budgets en baisse. D’ailleurs, la grande majorité des producteurs américains sont aujourd’hui multitâches (réalisateur, producteur,…) pour des questions de coûts.

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Comment les producteurs US perçoivent-ils l’évolution de la consommation TV ?

John HEINSEN

A l’évidence, les consommateurs regardent aujourd’hui différemment la télévision. Il suffit d’analyser la tendance du «Binge-watching» où les téléspectateurs consomment des saisons de séries tout entière. Netflix a lancé la mode. Grâce à ces différents modèles, cela créé des opportunités. C’est un moment unique à la fois pour les producteurs de contenus mais aussi pour le distributeur puisque nous pouvons écrire les règles au fur et mesure, et nous pouvons aussi les casser. La façon de raconter les histoires a toujours évolué avec l’arrivée des technologies : cinéma, radio, TV, web puis mobile. Maintenant, nous assistons à une convergence de tout cela. Le contenu peut donc exister sur différentes plateformes. C’est la notion d’hyperconnectivité qui compte.

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Quel sera le prochain challenge des producteurs US ? Avez-vous une idée ?

John HEINSEN

Nous aurons toujours des histoires à raconter à notre audience. Mais ce qui est primordial aujourd’hui sur le marché, c’est la communauté. Nous créons des contenus qui se basent sur la conversation. Une fois que la communauté d’auditeurs est constituée, vous pouvez aisément la distraire, l’impliquer et l’influencer.