Kenneth BILLER, Showrunner et Co-créateur de la série US «Perception»

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Nouveauté sur M6, la série américaine «Perception» (ABC Studios) débarque ce soir en Prime Time. L’occasion de nous entretenir avec Kenneth BILLER, Showrunner et Co-créateur de la série US «Perception». Il nous explique comment le secteur de la production de séries évolue aux Etats-Unis.

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La série «Perception» débarque sur M6. Quelle est sa particularité ? Quel est votre budget de production ?

Kenneth BILLER

«Perception» (10X45’ – ABC Studios) est une série à part entière qui met en scène un neuroscientifique excentrique qui enseigne à l’université. Incarné par Eric McCormarck, ce personnage collabore avec le FBI pour aider à résoudre des cas complexes. Il est atteint de schizophrénie paranoïde et ses hallucinations l’aident souvent à résoudre les enquêtes. Côté production, nous tournons en parallèle deux épisodes en 15 jours. Un épisode coûte en moyenne 2M$. Ce n’est pas très cher sachant que le budget d’un épisode aux Etats-Unis est de 3M$ environ. La saison 3 de «Perception» est en cours de production.

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L’anti-héro dans les séries, une tendance forte ?

Kenneth BILLER

Ces dernières années, le goût des téléspectateurs s’est sophistiqué. Il est donc extrêmement cohérent de développer des personnages qui ne sont pas parfaits. Les gens ne veulent plus voir des personnages lisses, qui jouent de simples héros et qui prêchent la bonne parole. La télévision a beaucoup changé et a réussi à imposer des univers particulièrement orignaux. Regardez l’univers des «Soprano» par exemple. Si j’avais proposé aux studios il y a 15 ans un héros qui tue des gens, ils auraient immédiatement refusé. Mais tout a changé.  

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Quelles relations entretenez-vous avec les Networks américains ?

Kenneth BILLER

Sur «Perception», mon employeur est ABC Studios. Ensemble, nous vendons le show à la chaîne TNT qui diffuse la série. Nos relations sont très bonnes. Certains de leurs créatifs accompagnent la série. La chaîne approuve le casting mais le studio possède le «final cut». En réalité, j’ai le dernier mot en tant que showrunner. Contractuellement, le studio peut changer mon «cut» mais dans les faits c’est assez rare. Le network visionne généralement la série finalisée en dernier. Ils peuvent tout-à-fait m’envoyer des notes et des idées. Mais les changements demandés sont souvent infinitésimaux. TNT fait confiance aux créateurs contrairement à d’autres diffuseurs qui imposent de gros changements.    

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En 10 ans, comment la production de séries US s’est-elle transformée ?

Kenneth BILLER

Les modes de fabrication d’une série ont beaucoup changé. Structurellement, aux Etats-Unis, il y a une quinzaine d’années, trois majors commanditaient l’essentiel de la production télévisuelle.  Aujourd’hui, il y a tellement de networks et de possibilités d’être distribués par Internet ou même par Netflix, que l’appétit autour des shows TV n’a cessé d’augmenter. Les showrunners ont aujourd’hui la possibilité d’écrire des séries qui visent de plus petites audiences, beaucoup plus spécifiques. Cela permet d’expérimenter de nouvelles formes d’écritures et je crois que le meilleur de la production audiovisuelle se passe aujourd’hui en télévision. Des séries telles que «Mad Men» ou encore «Breaking Bad» en sont le reflet.