La chaîne conservatrice britannique GB News épinglée par le régulateur des médias pour manquements à son devoir d’impartialité

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La chaîne conservatrice britannique GB News a été épinglée lundi par le régulateur des médias pour manquements à son devoir d’impartialité pour cinq émissions d’information présentées par des députés conservateurs.

Dans une décision publiée lundi, l’Ofcom conclut que deux émissions présentées par le député Jacob Rees-Mogg et trois présentées par le duo Esther McVey / Philip Davies en mai et juin dernier ont enfreint le code des médias. Celui-ci dispose que les émissions d’information, «quelle que soit leur forme, doivent être présentées avec l’impartialité qui s’impose, et qu’un responsable politique ne peut être présentateur, intervieweur ou reporter sauf justification éditoriale exceptionnelle», rappelle l’Ofcom dans un communiqué.

Le régulateur souligne qu’à ses yeux, «le recours à des responsables politiques pour présenter les informations risque de saper l’intégrité et la crédibilité des émissions d’information» sur lesquelles il veille. Réagissant à la décision du régulateur, la chaîne s’est dite «profondément préoccupée», estimant que ces décisions vont à l’encontre de l’obligation légale de l’Ofcom de «promouvoir la liberté d’expression et la pluralité dans les médias». Elle avait déjà pour sa défense accusé l’Ofcom de mener une «approche ultra-interventionniste» et estimé que la distinction entre ce qui relève de l’information et ce qui n’en relève pas manque de clarté.

Habituée aux polémiques depuis son lancement en juin 2021, GB News, qui se présente en porte-étendard de la liberté d’expression, accueille de nombreuses figures de la droite britannique. Certains de ses programmes phares rivalisent régulièrement avec les chaînes d’information en continu Sky News et BBC News.

GB News a déjà été épinglée par l’Ofcom pour des manquements à son devoir d’impartialité, mais c’est la première fois qu’elle l’est en vertu des dispositions invoquées dans la décision rendue ce lundi. La chaîne risque des sanctions en cas de récidive, qui peuvent être financières ou aller jusqu’à la suspension ou la révocation de la licence.

En fin d’année dernière, la chaîne avait annoncé qu’elle serait rejointe par l’ancien Premier ministre Boris Johnson (2019-2022), qui aura un «rôle clé» dans la couverture des élections britanniques et américaine attendues à l’automne.

A la suite de sa démission de son poste de député en juin après une enquête ayant conclu qu’il avait menti au Parlement dans ses explications sur le «partygate», il avait repris la plume en tant qu’éditorialiste au très conservateur Daily Mail, en plus de ses lucratives activités de conférencier. Avant d’entrer en politique, Boris Johnson avait commencé comme journaliste stagiaire au Times grâce à des relations familiales. Il en avait été rapidement congédié pour une citation inventée, avant de travailler pour le quotidien conservateur Daily Telegraph ou l’hebdomadaire «The Spectator».