La radio numérique terrestre peine à convaincre

332

 

La radio numérique terrestre (RNT) qui va être lancée vendredi à Paris, Marseille et Nice, peine à convaincre, aucun des grands groupes privés ni Radio France ne participant à l’opération. La RNT, équivalent de la TNT à la radio, offre une meilleure couverture sur le territoire, la possibilité de diffuser davantage de stations car elles peuvent se partager une même fréquence en compressant le signal, une amélioration du son, la possibilité d’avoir des données associées (titre et auteur du morceau, sa photo, jeux…) et de réécouter une émission (podcast). Diffusée par voie hertzienne, elle ne requiert pas d’abonnement à internet, mais un équipement particulier, c’est-à-dire un poste de radio adapté. 10% des voitures neuves seraient déjà équipées de récepteurs compatibles. Seules les radios indépendantes et sélectionnées par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) en 2012 vont émettre en RNT depuis l’une des trois villes : parmi les plus connues, on retrouve Radio FG, Latina, Voltage, Ouï FM, TSF Jazz, Nova, Sud Radio, MFM, Radio Notre Dame ou Skyrock. Malgré la volonté du CSA de «réduire la fracture territoriale dans l’accès à la radio», une inscription dans la loi de 2007 sur la modernisation de la diffusion, et une arrivée qui pourrait soulager des bandes FM saturées, la RNT, présente aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Royaume-Uni, ne concernera pour l’instant qu’une petite partie des auditeurs. Les groupes privés RTL, NRJ, Europe 1 et Nextradio TV, opposés dès le départ à la RNT qu’ils jugent coûteuse et non opérationnelle ailleurs en Europe, eux, ne se sont pas lancés dans l’aventure.Interrogé, Michel Cacouault, président du Bureau de la radio, qui regroupe les quatre grands groupes privés, évoque une «catastrophe»: «même en Angleterre, qui est le pays de pointe, c’est mort-né». «Nous avons la certitude que la RNT est vouée à l’échec», déclare-t-il, rappelant que «80% du marché n’y est pas allé». En septembre 2012, le ministère de la Communication avait annoncé que le gouvernement ne préempterait pas de fréquences de radio numérique terrestre pour Radio France et Radio France Internationale, portant ainsi un coup fatal à la diffusion de la RNT. Militant depuis des années pour un lancement de la RNT en France, le Sirti (syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes), «encourage à rejoindre le combat pour la radio numérique pour tous, gratuite, libre d’accès et diversifiée, pour l’avenir de la radio en France». «La grande majorité des éditeurs de radio souffrent dans les limites de la bande FM, à cause de la rareté des fréquences, et aussi à cause des limites de l’analogique qui éloigne la jeunesse», a déclaré mardi Philippe Gault, le président du Sirti. Le Bureau de la radio, lui, pointe du doigt «l’échec» de la RNT chez les voisins européens qui «n’a pas rencontré le succès escompté tant en audience que par le parc de récepteurs commercialisés», et insiste sur son coût financier sous la forme «soit de lourdes subventions publiques, soit d’aides privées significatives». «Nous considérons que le numérique passe par le web», a martelé Michel Cacouault, balayant l’argument du Sirti sur l’accès payant à la radio par IP : «aujourd’hui, tout le monde a internet». En France, 6,3 millions de personnes écoutent la radio sur un support multimédia (sur ordinateur, tablette ou smartphone…), soit 11,9% des Français, selon Médiamétrie.