Le marché français de la musique enregistrée retrouve la croissance

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Le marché français de la musique enregistre une croissance à deux chiffres pour 2021 (+14,3%), une 1ère depuis 20 ans. Cette bonne nouvelle pour la filière a été dévoilée mardi par le Snep (Syndicat national de l’édition phonographique), avec la présentation de son rapport annuel lors d’une conférence de presse à Paris. Ces résultats «ne donnent guère l’occasion aux célébrations en raison des évènements en Ukraine», a toutefois commenté Alexandre Lasch, DG du Snep. Et l’industrie musicale est encore loin de l’âge d’or avant le début de la crise du disque: les ventes de musique en France (numérique et physique) retrouvent seulement «un niveau de c.a. équivalent à plus de 50% de son niveau historique de 2002», insiste le Snep. Mais comment expliquer ces «bons chiffres», expression de Bertrand Burgalat, président du Snep? Le chiffre d’affaires de 861 millions d’euros est porté par le streaming qui «consolide ses performances», avec des «abonnements en hausse de 15%», a souligné Alexandre Lasch lors de la présentation. Pour le streaming audio, le Snep recense désormais «près de 10 millions d’abonnements payants, qui avec les comptes familles rassemblent 14 millions d’utilisateurs des offres premium». Avec «les 8 millions d’utilisateurs des offres gratuites, ce sont 22 millions de Français qui écoutent aujourd’hui la musique en streaming audio», poursuit l’organe représentatif. Si l’écoute hebdomadaire de musique a progressé en France, de près de 3 heures en deux ans, «la durée d’écoute via le streaming par abonnement a pour sa part doublé dans le même temps», soit 3h36 hebdomadaires désormais, mentionne encore le syndicat de la filière. Alexandre Lasch salue aussi les producteurs qui «travaillent activement à multiplier les partenariats avec les plateformes, investissent dans les nouvelles technologies, les nouvelles applications». Marie-Anne Robert (PDG de Sony Music France et membre du conseil syndical du Snep) décrit également une «époque passionnante pour la musique, avec un dialogue rapproché (grâce aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux) entre les artistes et les fans». Le Snep se félicite aussi de la «restructuration du marché de la musique enregistrée»: cette filière «est ainsi parmi les industries culturelles et créatives, l’une des premières à avoir fait du numérique le relais de croissance qu’il est désormais». En 2021 «pour la 1ère fois, le numérique franchit le cap des 500 millions d’euros, soit à lui seul la valeur du marché de 2015», établit le syndicat. Sa contribution «au chiffre d’affaires est de 70% comparée aux 20% d’il y a seulement 10 ans», pour ce qui est des ventes (numérique et physique, sans tenir compte des droits voisins et synchronisation). Dans le détail, le numérique pèse donc 506 millions d’euros, contre 223 millions pour le physique (CD, vinyles). S’ajoutent à cela 109 millions pour les droits voisins (différents des droits d’auteur, ils rémunèrent, entre autres, les producteurs de musique) et 23 millions pour la synchronisation (combiner musique et oeuvre audiovisuelle). La hausse toujours soutenue des revenus générés par le streaming se conjugue ainsi «à une résistance remarquable des ventes physiques», expose encore le syndicat. «Il y a une complémentarité entre streaming et physique», décortique Bertrand Burgalat. Antoine Monin, responsable chez Spotify, confirme que «les modes de consommation (streaming et physique) ne sont pas opposés» chez les mélomanes actuellement. Le Snep pointe ainsi un «rebond de 21% des revenus générés par les supports physiques (CD, vinyle), qui étaient en baisse de 10% avant la pandémie». En «hausse significative pour la 1ère fois en 20 ans (+10%)», les ventes de CD «sont encore la 2ème source de c.a. du marché», derrière le streaming, peut-on encore lire dans le rapport 2021.