Le monde de la culture soulagé par les annonces présidentielles

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Un soutien appuyé aux acteurs culturels qui s’estimaient oubliés, une réouverture samedi des librairies, puis des cinémas, théâtres et musées le 15 décembre: le chef de l’Etat semble cette fois avoir répondu aux attentes du monde de la culture. Finis les débats sur le caractère «essentiel» des commerces, les rayons fermés dans les supermarchés: acheter des livres en magasin, comme toute autre produit, redevient possible dès samedi. Quant aux théâtres et cinémas, fermés depuis le 30 octobre, ils devraient rouvrir le 15 décembre, si la situation sanitaire permet de lever le confinement, a annoncé M. Macron. Ces salles, qui réclamaient de pouvoir maintenir leurs séances du soir, cruciales pour leur rentabilité, ont obtenu gain de cause: «un système d’horodatage pourra permettre l’organisation des représentations en fin de journée», et aux spectateurs de rentrer chez eux malgré le couvre-feu (qui remplacera le confinement), a précisé le président.Emmanuel Macron a aussi pris soin de remercier explicitement le monde de la culture, qui se plaignait d’avoir été oublié depuis le reconfinement. «Nous soutenons tous les acteurs de la culture qui ont tenu, innové, su trouver de nouveaux publics dans ce contexte si difficile», a salué le chef de l’Etat. «Nous avons besoin d’eux (…) La culture est essentielle à notre vie de citoyennes et citoyens», a-t-il insisté. Un message qui semble avoir été reçu: «On attendait notre réouverture, mais aussi qu’on parle de nous, qu’on fait partie de la nation, du corps social. Les gens avaient été vexés d’un manque de considération minimum», a souligné Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point à Paris. Il sera prêt pour la réouverture mi-décembre, avec des spectacles pour les fêtes, et a priori deux représentations par soir. «Ce soir, l’affront est réparé, il a vraiment parlé de culture et dit à quel point c’était la vie», s’est réjoui Jean-Marc Dumontet, propriétaire de plusieurs théâtres parisiens. Dans la période, les théâtres «ont aussi une petite responsabilité par rapport au pays, d’apporter des moments de réflexion, des divertissements, des moments de vie», souligne-t-il. «On ne peut que se réjouir de la réouverture, par rapport aux restaurateurs et aux bars», mais «ce sera un chemin de longue haleine, il ne faut pas que les gens se relâchent», et que l’épidémie reprenne, prévient-il. «Les Français vont pouvoir passer de belles fêtes au cinéma», a salué de son côté le représentant des exploitants de salles, Marc-Olivier Sebbag, qui relève lui aussi «des mots très chaleureux pour la culture». «Il faudra préciser les modalités, et nous avons quinze jours pour parler des films, communiquer auprès du public, l’informer», a-t-il ajouté. La question des films à l’affiche, notamment, sera cruciale. Du côté des blockbusters américains, ceux qui attirent le plus grand nombre de spectateurs, seul «Wonder Woman 1984», sortira en décembre (le 16), les autres ayant été repoussés à 2021. Des films ayant bien démarré avant le confinement, comme «Adieu les cons» d’Albert Dupontel, pourraient retrouver rapidement le succès. Mais certaines grosses productions françaises ne sortiront que dans plusieurs mois: «Les Tuche 4» (3 février), «Aline» de Valérie Lemercier, le film s’inspirant de la vie de Céline Dion (17 février) ou «OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire» (14 avril), avec Nicolas Bedos derrière la caméra. Au cinéma Mégarama de Garat, près d’Angoulême, la directrice Aurélie Delage, a elle aussi apprécié le soutien du président au monde de la culture. Mais elle pense déjà aux aspects pratiques. «On a trois semaines pour repartir, s’assurer que le matériel fonctionne, finir les petits travaux de peinture». Sans oublier le pop-corn: «on a du stock de maïs, il y a plus qu’à faire chauffer la machine !».