Les géants de la tech devraient à nouveau tirer leur épingle du jeu

219

La pandémie de Covid-19 décime des industries et les responsables politiques attaquent les entreprises technologiques sur tous les fronts, mais les Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon) devraient à nouveau tirer leur épingle du jeu lors de la publication de leurs résultats trimestriels. «La réalité c’est que les groupes forts deviennent encore plus forts», résume l’analyste Daniel Ives de Wedbush Securities. Mercredi, les patrons des réseaux sociaux dominants, Facebook, Twitter et Google (YouTube) ont fait face à des sénateurs américains en colère contre le pouvoir des plateformes et leur influence dans le débat public, à quelques jours des élections aux Etats-Unis. Les coups ont plu sur les dirigeants californiens, accusés aussi bien de «censure» par la droite que de laxisme par la gauche, en termes de modération des contenus. Mais même l’immense boycott publicitaire contre Facebook et sa gestion des contenus problématiques, suivi cet été par plusieurs centaines d’entreprises, ne sera sans doute qu’une éraflure pour les revenus de la société de Menlo Park, dans la Silicon Valley. Car les réseaux sociaux ont vu leur nombre d’utilisateurs et leur temps passé en ligne exploser à la faveur des confinements imposés pour juguler la crise sanitaire. Facebook et sa famille d’applications (Instagram et les messageries Messenger et WhatsApp) touche 3,14 milliards d’individus tous les mois. L’entreprise a en outre sorti de nombreux nouveaux produits (Facebook shops, Instagram checkout, Instagram Reels, etc) pour multiplier les occasions de rentabiliser leur audience auprès de leurs clients, les annonceurs et PME. «Dans l’environnement actuel, les marques préfèrent allouer encore plus de leurs dépenses marketing à des canaux numériques qui ont fait leurs preuves, comme Facebook et Google», notent les experts de Canaccord Genuity. Au 2T, Alphabet, la maison-mère de Google et YouTube, était le seul des 4 colosses à avoir trébuché, avec 7 milliards de dollars de bénéfice net, soit 3 milliards de moins que l’année dernière. Le leader mondial de la pub en ligne est en effet plus exposé que Facebook aux gros annonceurs, comme les voyagistes, dont les revenus s’effondrent à cause du coronavirus. «Nous nous attendons à de meilleurs résultats au 3T pour Google», indique Nicole Perrin du cabinet eMarketer, pariant notamment sur «les solides dépenses des annonceurs du commerce en ligne» ou d’autres secteurs comme «les services financiers, l’électronique grand public et les livraisons de nourriture». Le marché attend donc la confirmation que Google a retrouvé la forme, mais guette aussi la réaction des dirigeants du groupe aux récentes poursuites lancées contre lui par le ministère de la Justice et 11 Etats américains. Ils accusent le moteur de recherche d’abus de position dominante. Google n’est pas seul dans l’oeil du cyclone. Diverses enquêtes des autorités de régulation de la concurrence visent ses voisins, accusés notamment d’avoir empêché toute compétition de voir le jour. Comme Amazon. Le groupe de Jeff Bezos ne cesse de mettre en avant les gains des PME qui passent par sa très populaire «place de marché», tandis que de nombreuses voix s’élèvent dans la société civile pour dénoncer des pratiques étouffantes. La société de Seattle a émergé du 2T avec plus de 5 milliards de dollars de bénéfice net, le double d’il y a un an, malgré ses 4 milliards de bénéfice opérationnel directement investis dans la gestion de la crise sanitaire. Son 3T s’annonce prometteur, mais Wall Street contemple déjà avec appétit le 4ème, avec les effets combinés du «Prime Day», son opération annuelle de soldes qui a exceptionnellement eu lieu en octobre, et la saison des fêtes, qui devrait être encore plus numérique que d’ordinaire, pandémie oblige. Même constat pour Apple. La marque vient de sortir sa 1ère gamme de smartphones équipé de la 5G, les iPhone 12. Daniel Ives anticipe «80 millions d’unités vendues pendant la période de lancement», mais il faudra attendre janvier pour la confirmation.