Les impôts américains renoncent à utiliser la reconnaissance faciale, décriée depuis des années par les défenseurs des droits humains

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Les contribuables américains n’auront bientôt plus besoin de s’authentifier sur le site des impôts via la reconnaissance faciale, une technologie d’intelligence artificielle (IA) décriée depuis des années par les défenseurs des droits humains. 

L’agence fédérale des impôts, l’IRS, a annoncé lundi qu’elle renonçait à utiliser ID.me, un service d’authentification par reconnaissance faciale.  «L’IRS prend au sérieux la confidentialité des données des contribuables, et leur sécurité. Nous comprenons que (le système actuel) suscite des inquiétudes», a déclaré lundi le responsable de l’agence, Chuck Rettig, cité dans un communiqué. 

«Tout le monde devrait être à l’aise avec la méthode de sauvegarde de ses informations personnelles, et nous cherchons activement des alternatives court-terme qui ne nécessitent pas de reconnaissance faciale», a-t-il ajouté. Le sénateur démocrate Ron Wyden, qui s’était insurgé contre ce système, s’est félicité de cette décision sur Twitter. «Il est inacceptable de forcer les Américains à utiliser la reconnaissance faciale comme condition pour interagir avec des services gouvernementaux essentiels», a-t-il écrit dans une lettre adressée lundi à l’IRS. Il y souligne aussi que ce type de technologie a suscité des problèmes relevant de la discrimination, notamment à l’égard des personnes non blanches. C’est une critique de longue date des opposants à ces méthodes relevant de l’IA : les algorithmes, entraînés à partir de populations majoritairement blanches, font plus d’erreurs sur les personnes noires notamment. 

De nombreuses ONG et des élus politiques accusent donc la reconnaissance faciale de systématiser les biais humains déjà présents dans la société, comme le racisme. Ils pointent aussi les risques en matière de protection des données personnelles. La Chine utilise des caméras de reconnaissance faciale à grande échelle. 

Aux États-Unis, face à la pression d’associations, de grands groupes comme Amazon, Microsoft, IBM et Google ont arrêté, au moins temporairement, de vendre aux forces de police leurs logiciels de reconnaissance faciale. Et Facebook a décidé en novembre dernier de se passer de la reconnaissance faciale, qui permettait, depuis 2010, d’identifier les personnes présentes sur des photos ou des vidéos postées sur le réseau social. Il y a un an, un juge fédéral de l’Illinois avait approuvé un accord amiable entre Facebook et des particuliers qui reprochaient à la plateforme d’avoir utilisé des données liées à la reconnaissance faciale sans leur consentement. Le groupe californien s’était alors engagé à leur verser 650 millions de dollars de dommages et intérêts.