Les séries d’Europe du Nord débarquent sur les écrans tv de France

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De plus en plus de séries arrivent d’Europe du Nord sur les petits écrans de France, des créations originales qui privilégient les émotions fortes, les ambiances noires et fantastiques, les thrillers politiques ou d’espionnage. «Les orientations des séries viennent d’Europe du Nord, ce sont eux qui donnent le ton», affirme la scénariste Catherine Touzet. «S’ils commencent à faire des polars mêlés de fantastique, poursuit-elle, tout le monde va s’y mettre, ils lancent les tendances».

Le Festival Séries Mania qui a lieu à Paris cette semaine est une occasion de découvrir ces fictions qui vont ou pourraient prochainement débarquer dans le paysage audiovisuel français. Côté Grande-Bretagne, on propose beaucoup de costumes et de grandes sagas historiques à la demande des chaînes, indique Alexandre Piel, directeur adjoint de la fiction d’ARTE France en charge de l’international. Les Scandinaves, eux, «se renouvellent beaucoup». «Les Suédois, après des adaptations littéraires, sont davantage dans la création originale, remarque-t-il, alors que les Danois essaient de poursuivre des cycles thématiques: la politique avec «Borgen», le milieu financier avec «Follow the money», la famille et les histoires de deuil avec «Legacy», le crime avec «The Killing»». Autre tendance: les séries policières qui jouent sur une fibre ultra-sensible à la limite du tabou. Celle des disparitions ou meurtres d’enfants et d’adolescents font de l’audience, comme la série «The Missing» (BBC One), acquise par TF1 qui doit être diffusée cette année. Dans cette veine, «Disparue» diffusée sur France 2, une série adaptée d’un programme espagnol par Marie Deshaire et Catherine Touzet, réalisée par Charlotte Brandström avec Pierre-François Martin-Laval, François-Xavier Demaison, Alix Poisson. Dans le même registre, le thriller suédois «Jordskott» met en scène l’obsession d’une mère dont la petite fille s’est étrangement volatilisée à quelques mètres d’elle au bord d’un lac. L’intrigue policière va rapidement prendre un tour fantastique. Le genre polar fantasy exploré par la très populaire série américaine «Game of Thrones», dont la saison 5 est actuellement disponible sur OCS (le réseau d’Orange), fait des émules: la production islandaise «The Cliff-Depth of Darkness», où une enquête sur un suicide fait remonter de vieux démons à la surface, sera diffusée en 2016 sur Arte. 

Autre thème en vogue, l’espionnage en mode guerre froide resurgit avec «The Game», série britannique bientôt sur OCS, ou encore l’Allemande «Deutschland 83» sur Canal+. Une tendance également présente en France avec «Le Bureau des Légendes», une série créée par Eric Rochant que l’on pourra voir à partir du 27 avril sur Canal+. Mathieu Kassovitz y endosse son premier rôle dans une série. «Ca me parle, je comprends le personnage, ce sont des questions qui m’intéressent, la géopolitique est une passion depuis longtemps», a ajouté le comédien. 

De prochaines séries scandinaves puisent enfin leur inspiration sur les terrains de la politique et de la géopolitique. La suédoise «Blue eyes» est un drame politique sur les dérives idéologiques qui semblent aller de pair avec la mondialisation. «Le public suédois d’extrême droite ne l’a pas aimée», remarque Alex Haridi, un des scénaristes, «mais elle a aussi gêné l’extrême gauche». La Norvège débarque, elle, sur Arte cet automne avec «Occupied» conçue sur une idée originale du maître du polar local Jo Nesbo, écrite par Erik Skjoldbjaerg et fondée sur des préoccupations à la fois écologiques, énergétiques et géopolitiques.