Nicolas AUBOYNEAU, Directeur de l’Unité de programmes musique et spectacles vivants de France Télévisions

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C’est une première dans l’histoire du petit écran en France: «Vous êtes mon sujet», pièce de théâtre écrite pour la télévision par Didier Van Cauwelaert, sera diffusée ce soir en direct sur France 2, avec Gérard Darmon, Philippe Lellouche et Geneviève Casil. A cette occasion, média+ s’est entretenu avec Nicolas AUBOYNEAU, Directeur de l’unité de programmes musique et spectacles vivants de France Télévisions, sur la politique théâtrale à la télévision.

MEDIA +

Saison faste pour le théâtre à la TV ?

NICOLAS AUBOYNEAU

C’est aléatoire. Entre cet été et les fêtes de fin d’année, nous n’avons pas eu de spectacles. Mais depuis quelques semaines, nous vivons une bonne période avec près d’une pièce par mois. France 2 a diffusé fin décembre «Cher Trésor» avec Gérard Jugnot. Fin janvier, nous avons enchainé avec «Deux hommes tout nus», et ce soir en direct nous proposons «Vous êtes mon sujet», une création théâtrale de Didier van Cauwelaert avec Gérard Darmon. Enfin, la nuit des «Molières», le 26 avril prochain, nous proposerons en 1ère partie de soirée, «Un petit jeu sans conséquence» avec Bruno Salomone et Bruno Solo.

MEDIA +

Que faut-il pour qu’une pièce soit «digne» d’une retransmission TV ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Lorsqu’un spectacle est retransmis en direct sur France 2 en Prime Time, il faut remplir la très grande salle. Pour nous, le risque est de voir le public venir au début puis zapper au bout de quelques minutes. Il faut des pièces qui donnent absolument envie aux téléspectateurs de rester. Le 1er critère, c’est le texte. Vous avez par exemple de très bonnes pièces classiques, drôles et populaires de Molière et de Feydeau, mais dont le démarrage est lent. L’écriture théâtrale impose depuis le début du 17ème siècle une scène d’exposition où les personnages s’installent tranquillement. L’action ne commence qu’au bout de 10-15 minutes. Au théâtre, c’est l’idéal. Mais à la télévision, c’est dramatique. Notre mission est de faire de l’audience mais surtout de rendre service aux artistes. Il y a des pièces qui remplissent les salles de théâtre mais qui ne sont pas faites pour la TV.

MEDIA +

Vous avez un peu un rôle de directeur de théâtre…

NICOLAS AUBOYNEAU

Oui, c’est un peu ça. Nous devons remplir la plus grande salle de France.  C’est assez excitant. Sur une pièce comme «Vous êtes mon sujet» diffusée ce soir, nous sommes allés voir – dès le démarrage – un auteur pour lui demander de nous écrire un spectacle construit pour la télévision. Dans la construction du spectacle mis en scène par Alain Sachs, neuf décors différents changent à vue.

MEDIA +

Allez-vous creuser le sillon de la création théâtrale pour la TV ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Je ne réagis qu’à des opportunités. Contrairement aux séries fictions ou aux collections documentaires, chaque aventure théâtrale est unique. Si nous commençons à vouloir faire une régularité, à formater l’idée de la création théâtrale pour la télévision, nous allons nous planter. Des succès amènent d’autres succès. Plus le public sera présent en Prime, plus nous serons justes dans nos choix.

MEDIA +

Les spectacles musicaux («Robin des Bois», «1989»,…) fonctionnent bien sur la TNT. Et sur France 2 ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Un million de téléspectateurs c’est très bien pour une chaîne de la TNT, mais ce serait un échec pour France 2. Toutes les tentatives de comédies musicales faites sur les grandes chaînes n’ont pas été de grands succès. Le concert à la télévision, qu’il s’agisse de musique actuelle, classique, de variétés ou de rock est un genre très difficile. Il faut que cela soit un gros événement. C’est le cas de «La Fête de la Musique» sur France 2, de «Musiques en fête» sur France 3 ou encore du «Concert de Paris» le 14 juillet. Là nous mettons des moyens considérables pour que cet événement devienne international. Il est pensé comme un programme de télévision. Ce qui fait le succès du «Concert de Paris», c’est le niveau du plateau artistique. Mais sans la Tour Eiffel, les plans d’hélicoptères et le feu d’artifice, il s’agirait d’un très bon concert classique parmi les 100 spectacles de ce genre qui existe chaque année.

MEDIA +

Les adaptations cinématographiques de pièces, est-ce une vraie concurrence ?

NICOLAS AUBOYNEAU

Absolument! Il suffit que les auteurs cèdent leurs droits pour une adaptation cinématographique, et cela nous empêche de faire la captation TV. J’ai 2 grosses frustrations. A commencer par «Le Prénom» qui a fait un carton au cinéma qui était au Théâtre Edouard VII. La date du direct était quasiment prévue sur France 2 et les droits au cinéma ont été vendus entre temps… Et il nous est arrivé la même chose avec la pièce de Yasmina Reza «Le dieu du carnage» qui est devenu un film réalisé par Polanski.

MEDIA +

Et vos projets à venir ?

NICOLAS AUBOYNEAU

France 2 a la volonté de poursuivre sa mission de service public qui est de faire le lien entre les événements culturels populaires et les téléspectateurs. Nous réussissons à proposer de plus en plus de spectacles en audiodescription. C’est une satisfaction.  Nous serons cet été au Festival d’Avignon. Le «Concert de Paris» reviendra aussi. Olivier Minne avait créé il y a quelques années une pièce de théâtre avec des animateurs de France 2, cette expérience pourrait se réitérer vraisemblablement en fin de saison 2015.