Nomination du prochain directeur du «Monde» : dernière ligne droite

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Qui sera le futur directeur du  «Monde»? Les propriétaires du grand quotidien doivent choisir un nouveau patron mais il devra ensuite être adoubé par la majorité de la rédaction, dont la fronde avait provoqué la démission de Natalie Nougayrède il y a un an. Le processus est entré dans sa dernière ligne droite avec la clôture du dépôt des dossiers, vendredi. Gilles Van Kote (51 ans), qui occupe le poste par intérim depuis le départ de Natalie Nougayrède était le seul candidat déclaré jeudi. 

Le trio de propriétaires – Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse – auditionnera ensuite les postulants à partir du 13 avril, avant d’annoncer un choix le 20 avril, lors du conseil de surveillance. Une fois le nom connu, la procédure prévoit qu’il soit soumis à un vote de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), qui peut se tenir 15 jours après au plus tôt. Le candidat doit recueillir 60% de suffrages favorables de la rédaction pour ensuite être désigné par le Conseil de surveillance. Outre Gilles Van Kote, les noms de Sylvie Kauffmann, déjà candidate en 2011 et actuelle directrice éditoriale, et Christophe Ayad, chef du service international, circulent. Celui de Boris Razon, directeur des nouvelles écritures à France Télévisions, et ancien patron du Monde.fr, est aussi évoqué. Gilles Van Kote est devenu directeur de la publication après le départ – au terme d’une crise de plusieurs mois – de Natalie Nougayrède, qui était issue de la rédaction. Contestée, la 1ère femme à diriger le quotidien avait démissionné en mai 2014 après seulement 15 mois de mandat. Journalistes et chefs de service lui reprochaient une gestion «autarcique» et «rigide» et des réformes menées sans concertation. En cinq jours seulement, les actionnaires du «Monde» l’avaient remplacée par un tandem choisi en interne, Gilles van Kote, à la direction de la publication, et Jérôme Fenoglio, devenu directeur de la rédaction. Deux fonctions cumulées par Natalie Nougayrède. Depuis, le calme est revenu, mais certains au sein de la rédaction souhaiteraient que le nouveau directeur «ait plus de souffle, plus de dimension» que Gilles Van Kote, selon un journaliste. «Il y a le camp de la stabilité et celui qui veut plus d’ambition», résume un autre. Le nouveau directeur prendra les commandes d’un journal qui a souffert comme les autres de la crise de la presse, mais a plutôt bien résisté l’an dernier avec une diffusion quasi-stable (-0,8%), à 273.000 exemplaires en moyenne chaque jour. Il devra aussi mener à bien plusieurs projets dans les mois et années à venir. «Le Monde» va lancer début mai une édition numérique du matin, destinée aux tablettes et aux mobiles. Visant un public jeune et présent sur les smartphones, ce format également freemium (combinant une partie gratuite et des options payantes), fera un point tôt le matin sur l’actualité. 

En complétant son offre éditoriale, le quotidien souhaite notamment fidéliser ses quelque 150.000 abonnés numériques. L’année 2015 devrait également voir «Le Monde» sortir du métier d’imprimeur avec la fermeture de l’imprimerie située à Ivry, en région parisienne. A l’horizon 2017, le futur siège du groupe Le Monde, dans le sud de Paris, doit permettre de faire travailler ensemble les 1.400 collaborateurs des différentes publications: «Le Monde», l’hebdomadaire culturel «Télérama», le magazine «L’Obs», les sites d’information Rue89 et Huffington Post, Courrier international et La Vie. Quotidien de centre gauche, «Le Monde» a réformé cette année sa rédaction avec le transfert d’une trentaine de postes du papier principalement vers l’édition numérique, tout en maintenant constant l’effectif de ses 400 journalistes.