Norvège : la «slow TV» bat des records d’audience

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Répit salutaire pour une société habituée à courir contre la montre, la «slow TV» bat des records d’audience en Norvège avec des heures, voire des jours entiers d’images de paysages, de tricot ou de pêche. Adieu intrigues haletantes et coups de théâtre: la chaîne publique norvégienne NRK propose occasionnellement de suivre, en Prime, le voyage au très long cours d’un paquebot le long des fjords ou un feu de bois qui crépite. Pouvant durer jusqu’à… 134 heures sans interruption, ces programmes forment un genre télévisuel nouveau, la «slow TV», une sorte de «téléscargot» dont la Norvège a fait sa spécialité. «C’est de la télé-réalité au sens littéral du terme: quelque chose d’authentique, que l’on montre en temps réel et sans condensé», explique Rune Moeklebust, directeur d’unité de programme chez NRK. Le ballon d’essai remonte à 2009. A l’occasion du centenaire de la ligne ferroviaire qui relie Bergen et Oslo à travers des paysages époustouflants, l’idée est lancée de retransmettre le périple à l’aide de caméras embarquées – et d’images d’archives pour occuper l’antenne pendant les traversées de tunnel. Originale, facile à mettre en oeuvre et bon marché, la proposition séduit la direction du groupe audiovisuel public qui, affranchi des contraintes pesant sur les chaînes commerciales, peut se permettre ce genre d’expérimentation sur l’un de ses deux canaux nationaux. Le succès est inespéré. Environ 1,2 million de personnes, près du quart de la population norvégienne, suivront au moins une partie du voyage de 7 heures et 16’ sur NRK2.