«Nouilles rampantes» sur Twitch : frissons partagés entre légendes urbaines et faits réels 

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Mondes parallèles, cinémas maudits et Facebook hantés sont les stars des récits servis aux «Nouilles rampantes», une émission mensuelle diffusée en direct sur la plateforme Twitch qui invoque légendes urbaines et thèmes d’actualité. «L’idée, c’est de faire une sorte de grand feu de camp sur internet où on se raconte des histoires qui font peur» résume Thomas Hercouët, co-créateur du rendez-vous, quelques minutes avant de prendre l’antenne samedi 7 octobre. Au fond d’une petite salle de réunion, dans des locaux prêtés pour l’occasion, deux caméras et quelques micros surnagent au milieu d’une forêt de fausses bougies, illuminant à peine le visage des quatre présentateurs et de leur invitée du soir, Judith, créatrice de contenus sur Youtube avec sa chaine «Demoiselles d’Horreur». «Cette histoire s’intitule…» Un gong sonore et angoissant retentit. Ce petit rituel introduit chaque histoire, entre 5 et 10 par soirée, racontées d’un ton posé, toujours à la première personne, devant près d’un millier de spectateurs. L’originalité des «Nouilles rampantes» tient notamment dans son interaction avec le public, qui peut réagir via la fenêtre de discussion de Twitch. «C’est plus agréable d’écouter les histoires avec les copains au coin du feu en lisant leurs blagues», témoigne Olivier, fidèle spectateur parisien de 32 ans. «On partage nos réactions avec cette communauté virtuelle, ça créé de l’engagement», complète Salomé, 23 ans, étudiante en art à Angoulême. «C’est hyper important pour nous d’avoir ces retours», abonde Thomas Hercouët, qui suit les messages du coin de l’oeil sur son écran d’ordinateur. «S’ils n’étaient pas là, ça n’aurait aucun intérêt.» Disponible également en replay sur Youtube et en podcast, l’émission cumule près de 15.000 écoutes par épisode. 

«Creepypasta» à la française : L’idée de ce rendez-vous a germé il y a près de 10 ans lors de la Nuit originale, une nuit blanche de radio libre organisée par Thomas Hercouët, pendant laquelle des créateurs sur internet se succédaient au micro pour raconter des histoires. «Les gens étaient tellement fans du segment horrifique qu’on s’est dit: +gardons-le+», se souvient l’auteur de 35 ans. A l’été 2020, naissent les «Nouilles rampantes», traduction «un peu n»importe comment» du terme anglais «creepypasta», qui désigne ces fictions d’horreur amateur nées aux Etats-Unis et largement diffusées en ligne depuis près de 15 ans. «On a un peu écumé tout ce qu’on a trouvé sur internet et on a fini par en écrire nous-même», raconte le dessinateur de BD Boulet, qui partage la paternité de l’émission. Les spectateurs sont également encouragés à partager leurs propres expériences inquiétantes ou paranormales, que l’équipe se charge de transformer en récit. «Les témoignages, c’est ce qu’on préfère», dit Mathilde Gallois, 31 ans, qui écoute religieusement chaque épisode avec son petit ami. «Ce sont souvent les histoires les plus excitantes, il y a toujours ce doute de savoir si c’est vrai.» Ce n’est qu’à la fin de l’émission que chaque récit est «débunké», c’est-à-dire catégorisé entre fiction pure et basé sur des faits réels.