Le nouveau groupe Canal+, version Bolloré, se dévoile pour la rentrée

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Des programmes en clair réduits de moitié sur Canal+, un investissement massif dans la chaîne gratuite Canal 8 (ex-D8), mais aussi l’arrêt du «Zapping» et de «Spécial Investigation»: le nouveau groupe Canal+, version Bolloré, se dévoile pour la rentrée. Pour enrayer la chute des abonnés et des revenus, le groupe réorganise toute la «Galaxie Canal» autour de deux piliers, ont annoncé ses dirigeants réunis au grand complet au siège de Vivendi mardi.  D’un côté, la chaîne payante Canal+, où le clair ne représentera plus que 2 heures par jour au lieu de 5 actuellement. De l’autre, les chaînes gratuites, en tête Canal 8, où seront transférées plusieurs émissions en clair de Canal+. Pour Vincent Bolloré et son équipe, la réduction des programmes en clair doit permettre de rendre de la valeur aux abonnés, qui récupèreront 150 heures de programmes cryptés en plus par mois. «Canal était la seule chaîne payante du monde à faire à la fois du clair et du crypté», a justifié Vincent Bolloré. «On a perdu 500.000 abonnés depuis 2012, on a besoin d’ouvrir une nouvelle histoire», a renchéri son numéro deux, Maxime Saada. «L’enjeu pour nous n’est pas l’audience. L’enjeu, ce sont les abonnés», a-t-il poursuivi, ajoutant que le clair n’était pas rentable. La chaîne payante, qui revendique 5,4 millions d’abonnés en France, espère retrouver une croissance du nombre de ses clients dès 2017, et «vise bien davantage», a assuré le directeur de la distribution Franck Cadoret. Pour sa nouvelle grille, encore à préciser, elle donnera «beaucoup de place au cinéma, aux séries, à la culture, à l’e-sport», a précisé Maxime Saada. Le groupe réfléchit aussi à de nouvelle formules d’abonnement, plus thématiques, et souhaite accélérer la diffusion des films récents. Pour la case très concurrentielle de l’access prime time (avant-soirée), «Le Grand Journal», longtemps vitrine de la chaîne, se renouvellera sous la houlette du journaliste Victor Robert, jusqu’ici présentateur du JT de l’émission et parfois joker de Maïtena Biraben, qui en assurera l’animation. Restera aussi «Le Petit Journal», sans Yann Barthès parti pour le groupe TF1, et qui sera désormais confié à Cyrille Eldin, l’intervieweur politique poil-à-gratter du «GJ». S’y ajoutera «Le Gros Journal», une nouvelle émission quotidienne présentée par Mouloud Achour, et toujours les Guignols. Cette tranche d’access devrait être mi-cryptée, mi-claire, ont laissé entendre les dirigeants du groupe, sans donner de détails. Exit en revanche les émissions d’infos sur Canal+ et «Spécial Investigation», «pas dans les priorités éditoriales», ainsi que «La Nouvelle Edition» de Delphine Burki, déplacée sur Canal 8, tout comme «Salut les Terriens» de Thierry Ardisson.

Le groupe veut aussi se développer dans la production: le studio de production «Canal Factory» produira 35 émissions pour la chaîne et devra développer des format d’émissions «à exporter partout dans le monde». «Le clair de Canal, ce sont nos 3 chaînes gratuites, regardées par 50 millions de Français chaque mois», a lancé le directeur général des antennes Gérald-Brice Viret, qui veut que Canal 8 parvienne «au niveau de puissance de M6», et soit «complémentaire» de Canal+, en visant «toutes les générations». Parmi les autres nouveautés sur Canal 8, une émission quotidienne de Camille Combal et une autre d’Audrey Pulvar, qui sera en charge d’une émission culturelle en 2e partie de soirée. La chaîne musicale D17, qui sera renommée Canal Star, proposera une fiction quotidienne et un talk show de 2ème partie de soirée.  Quant à iTÉLÉ, rebaptisée Canal News, la priorité sera donnée «au décryptage plutôt qu’au sensationnalisme», et elle s’appuiera sur le sport et la culture. Jean-Marc Morandini y animera une tranche d’info, avec un «concept novateur». Les dirigeants du groupe ne se sont pas exprimés sur le mouvement de grève de la chaîne lundi matin, en protestation contre la suppression de 70 postes.