Patrick EVENO, Directeur de la CITIA, en charge du Festival international du film d’animation d’Annecy et de son marché

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Du 15 au 20 juin 2015, la branche audiovisuelle de l’animation internationale se donnera rendez-vous à Annecy. Pour nous éclairer sur l’événement, média+ s’est entretenu avec Patrick EVENO, Directeur de CITIA, en charge du Festival international du film d’animation d’Annecy et de son Marché

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Le Festival international du film d’animation d’Annecy concentre-t-il les tendances ?

Patrick EVENO

Le secteur de l’animation a considérablement changé. Il a connu une croissance très importante ces dernières années que nous avons accompagnée. L’une des grandes caractéristiques de notre manifestation est de disposer d’un festival mais aussi d’un marché. Plus de 7.000 professionnels nous rejoignent chaque année. Ce rendez-vous concerne l’ensemble des acteurs du secteur de l’animation au plan mondial. Nous avons reçu plus de 2.600 films d’animation internationaux soumis à la compétition, soit une progression de plus de 150 films par rapport à l’année dernière. Et dans le cadre du Marché du Film, des créateurs ont la possibilité de proposer des films à différents stades d’évolution. Quant aux tendances, une des qualités de l’animation est sa diversité en termes de formes, d’expression et de technicité. Pour autant, l’emprise de la 3D, notamment au cinéma, est forte. Elle correspond à des modes de production plus facilement industrialisables que ceux de la fabrication traditionnelle. Nous observons aussi une tendance à la relocalisation en Europe qui est lié à un système d’aide optimisé en France avec le crédit d’impôt, mais aussi par la réforme du compte de soutien pour l’animation qui est en gestation. Enfin, cela correspond au fait que les studios asiatiques ne font pas forcément preuve d’une augmentation significative de la qualité. Si à cela, nous ajoutons les taux de change euros/dollars beaucoup moins favorables, et le renchérissement du coût du travail en Asie, nous comprenons qu’il y ait des conditions objectives d’un rapatriement du travail en Europe.

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Le Marché international du film d’animation d’Annecy (MIFA) fête ses 30 ans. Quels sont les enjeux à retenir ?

Patrick EVENO

Le MIFA a été créé en 1985, un moment où la télévision s’est particulièrement déployée. Dans ces circonstances, le marché a proposé aux différentes catégories de participants, une réponse à leurs attentes d’un point de vue international pour structurer cette industrie. Le MIFA est un marché de coproductions où se montent des projets, mais c’est également un espace d’achats/ventes, et de recrutement de talents. Ces dimensions de la manifestation accompagnent ce mouvement d’internationalisation de l’animation. Proportionnellement, c’est le genre qui s’exporte le mieux en France. Il représente près de 15% du volume de production en France, pour 30 à 40% des exportations.

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Quel est l’état du secteur de l’animation TV et cinéma en France ?

Patrick EVENO

Dans l’Hexagone, il existe un système réglementaire et législatif qui assoit un volume de productions annuelles avec des obligations faites aux chaînes de télévision et qui permet le maintien d’une industrie à un très bon niveau. En matière de cinéma, nous sommes dans la situation inverse. Les parts de marché de l’animation augmentent et le nombre de films proposés aussi. Et nous sommes, à mon sens, dans une situation de début de crise liée au nombre de films proposés par rapport au nombre d’entrées que l’on peut espérer obtenir. Cette année nous avons été à l’initiative d’une étude, «Mapping the Animation Industry in Europe», financée par la Commission Européenne, conduite par l’Observatoire Européen de l’Audiovisuel, visant à compiler les chiffres de l’animation en Europe et dans le monde. Il fera l’objet d’une première restitution à Annecy.