Rachat de SFR : Bouygues fait du forcing

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Le groupe Bouygues est revenu à la charge mardi dans le dossier du rachat de SFR, allongeant la validité de son offre pour renforcer ses chances face à Numericable, et répondant aussi au rappel à l’ordre du gendarme boursier pour plus de transparence financière.

Vivendi, qui souhaite se séparer de sa filiale télécoms pour se recentrer sur les médias, a choisi le 14 mars d’ouvrir des négociations exclusives jusqu’au 4 avril avec Numericable et sa maison-mère Altice, aux dépens du groupe de Martin Bouygues. Mais ce dernier, n’acceptant pas d’être écarté, a déjà présenté à 2 reprises une offre améliorée et fait le forcing dans le but de marier SFR avec sa filiale Bouygues Telecom. Mardi, il a annoncé que son offre de rachat du 2ème opérateur télécoms français était désormais valide jusqu’au 25 avril, et non plus seulement jusqu’au 8 comme annoncé précédemment. «Bouygues souhaite ainsi permettre à Vivendi de procéder de façon sereine et approfondie à l’examen de son offre et aux échanges que requiert une opération aussi importante», indique-t-il dans son communiqué. Numericable et Altice ne souhaitent pas pour l’instant bouger le curseur sur la validité de leur propre offre, qui court jusqu’à ce vendredi, dernier jour des négociations exclusives. Même si Vivendi ne peut juridiquement pas entamer de discussions parallèles avec Bouygues tant qu’il est engagé dans son processus exclusif avec Numericable, son directoire tout comme son comité restreint d’administrateurs dédié au dossier SFR ont quand même «regardé», la semaine dernière, la contre-offre présentée par Martin Bouygues. Le 20 mars, le groupe Bouygues avait annoncé rajouter 1,84 milliard d’euros en numéraire à son offre. Une rallonge dont seule une partie – environ 500 millions – a vu son financement identifié, apporté par la Caisse des dépôts (CDC), bras financier de l’Etat, la famille Pinault et JCDecaux Holding. L’offre de Bouygues propose ainsi en numéraire 13,15 milliards d’euros, contre 11,75 milliards du côté d’Altice-Numericable. 

Mardi matin, le groupe de Martin Bouygues a également annoncé s’être engagé à payer une indemnité de rupture de 500 millions d’euros «si les autorités réglementaires refusaient d’approuver l’accord de rapprochement (avec SFR) ou si Bouygues retirait sa demande d’autorisation compte tenu des remèdes (contreparties, ndlr) exigés». Bouygues répond ainsi au rappel à l’ordre de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse, qui a reproché sévèremment, vendredi soir, à Vivendi, Bouygues, Numericable et Altice l’opacité de leur communication financière dans la bataille pour le rachat de SFR. Le texte publié par le gendarme de la Bourse mettait tous les acteurs dans le même panier, exigeant qu’ils informent le marché «des caractéristiques des offres en présence», sous peine de sanctions. Bouygues a publié le 6, le 13 et puis le 20 mars des communiqués de presse détaillant les évolutions de son offre – en termes de cash, de pourcentage que Vivendi détiendrait dans le nouvel ensemble, ou encore de valorisation de l’opérateur issu du rapprochement. De son côté, Numericable n’a donné de détails financiers sur son offre que  dans un seul de ses communiqués officiels, le 19 mars, faisant seulement état, en quelques lignes, du montant en numéraire qu’il proposait dans son offre, et du pourcentage que détiendrait Vivendi dans la future société.