Radio France : cap sur la jeunesse et l’environnement

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Jeunesse et environnement: tel est le cap fixé lundi pour Radio France en 2022/2023 par sa patronne Sibyle Veil, dont le mandat s’achève cette année, sur fond d’incertitude financière pour le groupe public après la suppression de la redevance audiovisuelle. La conférence de rentrée du groupe radiophonique public a pris lundi soir des allures de grand-messe entre invités, voix et dirigeants des différentes stations et journalistes.Radio France veut «être un lieu de débats apaisés», a déclaré la patronne du groupe public, en préambule. «Ce rôle d’agora, on veut spécifiquement le jouer auprès de la jeune génération» car celle-ci «a tellement évolué que si nous, médias, nous ne changeons pas, nous allons passer à côté», a-t-elle poursuivi. «Cette maison je veux qu’elle soit celle de la relève», a-t-elle ajouté, évoquant les nouveaux talents présents sur la grille, parmi lesquels les humoristes Louison Daniel, Paul Mirabel, la journaliste Salomé Saqué ou le sportif Théo Curin. La dirigeante a également annoncé le «tournant environnemental» du groupe «parce qu’il y a urgence». Ce tournant passe par un manifeste en 10 points, dont le traitement de la «crise climatique» comme un «axe éditorial majeur», le lancement d’un vaste plan de formation «à destination de toutes les équipes éditoriales sur les questions climatiques et scientifiques», l’accélération de la «transition vers une publicité plus responsable» ainsi qu’une «baisse de 40%» du bilan carbone du groupe d’ici 2030. La saison 2022/2023 sera celle du défi pour le groupe radiophonique public qui a aligné l’an passé des chiffres d’audiences record – 15,4 millions d’auditeurs quotidiens en moyenne selon Médiamétrie – et compte 2 de ses stations, France Inter et franceinfo, parmi les 3 radios les plus écoutées du pays. Tous les yeux du secteur seront braqués sur France Inter, la 1ère du classement, dont la direction vient de changer avec l’arrivée de la philosophe et animatrice Adèle Van Reeth, à la place de Laurence Bloch, désormais directrice des antennes et de la stratégie de Radio France. La nouvelle patronne de France Inter aura pour mission de maintenir les audiences record du navire amiral de Radio France, soit 6,8 millions d’auditeurs chaque jour et 47 millions d’écoutes mensuelles de podcasts à la demande en 2021/2022. Pour ce faire, Adèle Van Reeth a dit miser sur un «éclectisme aussi libre que joyeux, ancré dans le réel, sans dogmes, ni préjugés: on ne s’interdit rien, aucun sujet n’est exclu a priori». Parmi les nouveautés: une matinale rallongée jusqu’à 9h30, de nouvelles voix (l’humoriste Matthieu Noël, Hugo Clément chroniqueur, la romancière Céline Coulon) et de nouveaux rendez-vous le week-end comme une émission sur la psychanalyse et le retour du sport avec Nathalie Iannetta. franceinfo, 3ème radio de France l’an dernier, met l’accent sur le sport à l’approche des JO de Paris en 2024 et la transition écologique avec le nageur Théo Curin et la journaliste Salomé Saqué. France Bleu, en baisse lors des dernières mesures d’audience, va privilégier la mobilité, avec «plus de 1.000 émissions prévues en direct sur le terrain», et le journalisme de solution, le public souhaitant des «programmes qui aident» au quotidien, a expliqué son patron Jean-Emmanuel Casalta.Radio France, à l’instar des autres groupes de l’audiovisuel public, ouvre la saison sans savoir si elle retrouvera le niveau de ses ressources financières après la suppression de la redevance audiovisuelle, promesse de campagne d’Emmanuel Macron actée début août. La PDG de Radio France, qui a mené ces dernières années un vaste plan d’économies, a prévenu mi-juillet les députés qu’«une nouvelle réduction de nos crédits, si elle devait avoir lieu, serait aujourd’hui vécue comme une contre prime à l’effort». Sibyle Veil devrait annoncer cet automne si elle est candidate à un 2nd mandat.