Avec Slash, France TV espère séduire les jeunes adultes

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France Télévisions a présenté mardi Slash, sa toute nouvelle offre numérique avec laquelle elle espère attirer les 18-30 ans, de plus en plus accros à leurs téléphones et aux réseaux sociaux, en adoptant les codes propres aux «pure players» du Net. En ligne depuis lundi, Slash est décrit par le groupe comme «un média numérique 100% gratuit de service public à destination des jeunes adultes». Il propose une palette de programmes généralistes adaptés au web et aux réseaux sociaux, publiés à la fois sur le site internet de France Télévisions (france.tv/slash) et différentes plateformes (Facebook, Youtube, Instagram, ou encore bientôt Snapchat). Ils épousent les codes des webséries, des chaînes Youtube ou des réseaux sociaux, et sont conçus en fonction d’un réseau spécifique : par exemple, pour Facebook, Slash propose des vidéos au format carré et sous-titrées, destinées à jouer en lecture automatique. Les programmes mêlent fictions, documentaires et reportages, et chroniques vidéos, comme Sexy Soucis, dans laquelle une jeune blogueuse, Diane, répond à des questions sur la sexualité. Côté fiction, Slash a commencé à diffuser l’adaptation française de la série norvégienne «Skam», qui racontes les aventures de lycéennes avec un format très innovant: des petites pastilles quotidiennes sont diffusées sur france.tv et Facebook, à l’heure où l’action est censée se dérouler. Elles sont regroupées dans un épisode hebdomadaire de 26’, diffusé chaque vendredi, et le tout est complété par des comptes Instagram constamment alimentés. La quasi-totalité des contenus de Slash seront inédits et exclusifs à la plateforme, même si certains pourront passer ultérieurement sur une chaîne du groupe (comme Skam France, qui arrivera dans 3 semaines sur France 4). «C’est vraiment une offre indépendante de l’ensemble des chaînes» du service public, a déclaré à la presse Tiphaine de Raguenel, directrice des activités jeunesse de France TV. «On a voulu une offre spécifique qui soit dédiée à ce jeune public», la génération des 18-30 ans, parfois appelés Millenials, et «on acte le fait que les réseaux sociaux sont aussi importants dans leur consommation que la télévision, voire plus, et que c’est sans doute l’endroit où on peut s’adresser spécifiquement à eux», quand France 4 propose des programmes pour les enfants ou les familles, a-t-elle expliqué. C’est un pari audacieux pour France Télévisions, qui s’écarte ainsi encore un peu plus de son modèle historique, pour réagir au développement des plateformes numériques vers lesquelles le public migre petit à petit. «On pense de plus en plus France Télévisions comme une plateforme, et non plus juste comme un bouquet de chaînes, et dans cette plateforme France.tv est au moins aussi important qu’une chaîne linéaire (traditionnelle, ndlr), parce qu’on voit bien que (cette offre) rajeunit mécaniquement le public», avance la responsable. Selon les données du groupe, chaque jour un tiers des 15-34 ans regardent l’une de ses chaînes. Mais l’âge moyen des téléspectateurs est de 50,7 ans, contre 48 ans pour les utilisateurs de France.tv, 42 ans pour ses contenus diffusés sur Facebook et 33 ans sur ses chaînes YouTube. Même si Slash a été initié il y a plus d’un an, ce projet répond en outre à l’appel du gouvernement, qui a fait du renouvellement du public et du numérique deux des chantiers prioritaires de la réforme à venir de l’audiovisuel public. En pleine baisse des crédits du groupe public, France TV a lancé ce projet avec des moyens limités, et via des redéploiements. Slash dispose d’une dizaine de personnes, dont plusieurs apprentis, et côté budget, si Tiphaine de Raguenel n’a pas confirmé le chiffre de 2 millions d’euros par an avancé dans la presse, elle évoque un montant dans cet ordre de grandeur. Slash, gratuit pour les utilisateurs, commencera à diffuser dans quelques semaines des publicités, et n’exclut pas de recourir au développement de contenus autour de marques, ou «brand content», mais sans se fixer pour le moment d’objectif de recettes.