T. VIDAL (THEMA) : «Quand on pense « audiences », il faut penser « points de contact »»

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Société du Groupe CANAL+, THEMA est un distributeur de chaînes de télévision payante, de chaînes de télévision rapide, de contenus non linéaires pour le câble, l’IPTV, le DTH, les opérateurs et pour les bouquets mobiles et OTT. THEMA compte aujourd’hui cinq filiales à l’étranger. Focus sur ses activités et actualités avec Timothée VIDAL, Senior Vice-Président Multiculturel & Digital de THEMA depuis 2020.

Comment se porte THEMA, filiale de Canal+ International, et spécialiste de l’édition et de la distribution de contenus TV multiculturels ?

La société se porte très bien. THEMA représente 180 chaînes ainsi que de la SVOD/VOD/OTT couvrant un large éventail de thématiques. Depuis la création de THEMA en 2005, nous avons su créer des relations fortes avec les principales plateformes de télévision en Europe, en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Nord. Notre expertise en matière de distribution de contenus TV, de packaging TV et de stratégie marketing est largement reconnue par le secteur audiovisuel.

Sur quoi se concentre votre stratégie ?

Notre mission est de servir les besoins audiovisuels des diasporas dans le monde. Nous avons – par exemple – lancé récemment un pack TV indien chez British Télécom au Royaume Uni. En parallèle, nous développons les activités digitales de THEMA, qu’elles soient BtoC, AVOD, FAST… Le premier métier de THEMA était de distribuer des chaînes de télévision à l’étranger. En 2008, la société lance une activité multiculturelle avec le Bouquet Africain, une offre de chaînes TV africaines. Depuis, nous avons acquis les droits de distribution des chaînes d’autres communautés linguistiques (arabes, espagnoles, russes, turques, portugaises…) pour les packager au sein de bouquets spécifiques et les proposer ensuite aux opérateurs de TV payante. Ces derniers restent aujourd’hui nos partenaires principaux. En 2010, nous avons lancé une nouvelle activité : l’édition de chaînes. Du Bouquet Africain est née Nollywood TV, chaîne de fiction dédiée produite à partir de films et séries anglophones nigérianes, puis doublée en français. Est venue ensuite la chaîne Novelas TV, aujourd’hui première en audience en Afrique puis des chaînes en langues vernaculaires africaines (Sunu Yeuf en wolof, Maboke TV en lingala, Zacu en kinyarwanda). Voici donc les trois activités de THEMA : multiculturelle, thématique et édition de chaînes.

Avec un gros travail sur la digitalisation… Est-ce une priorité ?

Absolument ! Dans un monde qui se digitalise, les audiences diasporiques se déploient sur YouTube, les réseaux sociaux ou les offres pirates. En revanche, le besoin en contenus n’a pas changé alors que les modes de consommation à la demande ou en dehors des box des opérateurs évoluent. Pour cela, nous avons besoin de nouveaux produits et de mettre en place une distribution omni-canale. Cela passe par la création de chaînes YouTube pour ceux qui acceptent de regarder de la publicité avant leurs contenus, d’offres payantes OTT comme My Bouquet Africain pour ceux qui souhaitent consommer en mobilité, à la demande, sans publicité, et sans engagement. Mais aussi une présence sur les Connected TV : Samsung, LG, les plateformes AVOD (Roku, Pluto TV …)

A quoi correspond votre récent accord avec OKAST ? 

On a fait appel à OKAST dans le but de distribuer notre offre de contenus africains, sous le nom de ‘My Bouquet Africain’, tout en garantissant une expérience OTT multi-écrans aux abonnés. L’offre comprend actuellement 13 chaînes de télévision et un catalogue de plus d’une centaine de films et de séries allant des Créations Canal+ Originals à Nollywood TV et aux fictions et séries africaines.

Vers quoi se structure le secteur ?

Les gens veulent consommer du contenu où ils veulent quand ils veulent. Les offres de type Netflix sont venues servir ces besoins de regarder un programme plutôt qu’une chaîne. En France, avec le modèle Triple Play, la plupart des Français pensent qu’ils accèdent à la télévision via une box, ce que les TV connectées et les offres OTT sont en train de challenger. Samsung explique déjà à ses clients qu’ils peuvent connecter leur télévision directement par internet. Il est donc important pour eux d’inclure des services de SVOD et d’AVOD. Sur les audiences multiculturelles, nous avons un profil plutôt CSP- avec des audiences qui font attention à leurs dépenses de divertissement/loisirs. Il est important de les servir partout où ils sont : d’abord chez les opérateurs et ensuite en mobilité. Il y a une cible jeune et connectée qui veut regarder à la demande et consommer en mobilité via un abonnement mensuel sans engagement. C’est ce que nous proposons. Enfin, il y a une cible qui est prête à consommer du contenu gratuit avec de la publicité. C’est la cible YouTube à travers des thématiques que nous développons comme Nollywood Passion.

Avez-vous l’intention de lancer des chaînes FAST ?

Bien sûr ! D’ailleurs, on distingue les chaînes FAST des chaînes YouTube. Sur les FAST, on ira d’abord dans les contenus thématiques puis les multiculturels car les thématiques sont plus demandées par des acteurs comme Samsung, Roku, LG, Rakuten… Les programmes multiculturels, quant à eux, se développeront plus vite sur YouTube car les diasporas y sont déjà.

Réaffirmez-vous votre volonté de travailler avec des opérateurs ?

Oui, les opérateurs sont nos partenaires historiques et le business que nous avons avec eux est essentiel. Nous avons à cœur de travailler avec eux, main dans la main.

Et pour la suite ?

Quand on pense «audiences», il faut penser «points de contact». En tant que distributeurs de contenus, nous devons aller à leur rencontre sur chaque point de contact pour leur proposer du contenu. Dans le multiculturel, il y a une cible qui n’est pas bancarisée ou bien qui ne veut pas donner son numéro de CB, mais qui pourtant consomme du contenu. Nous étudions actuellement un nouveau mode de distribution dans lequel nos abonnés pourront payer en espèces pour accéder ensuite à une offre digitale. Nous allons ainsi adapter à notre cible le modèle du phygital (contraction des mots “physique” et “digital”), ce lien que toutes les marques développent entre la communication digitale et l’expérience physique sur le point de vente pour mieux marketer leurs produits.