Tendances mondiales de la tv: les séries locales reprennent la main face aux américaines

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Les séries locales reprennent la main face aux américaines, l’immigration devient un thème phare tout comme l’argent, l’information est traitée avec humour: telles sont les grandes tendances mondiales de la télévision.

«Il y a une véritable prime au contenu local. La série américaine n’écrase pas tout sur son passage. On constate de plus en plus d’adaptation de fictions et de programmes», souligne Amandine Cassi, directrice du pôle études du service international de Médiamétrie (Eurodata). Longtemps la série américaine a régné en maître sur les chaînes du monde, mais ce «leadership est contesté» désormais, montre l’étude Médiamétrie sur les tendances mondiales de la TV «New on the air» (Nota), présentée mercredi. Les audiences de «The slap» ou «At home with Julia (Australie), «Cenerentola» (Italie) ou «Gran hotel» (Espagne) n’ont rien à envier aux «Mentalist», «Desperate housewives» et autres «Madmen». Au point que certaines de ces séries locales commencent à être autant exportées que les américaines, en Europe, Australie et aux Etats-Unis. «At home with Julia», série humoristique sur le chef du gouvernement australien, Julia Gillard, sera adaptée en Grande-Bretagne, mais avec la vie du Premier ministre britannique. A noter également les adaptations aux Etats-Unis et en Allemagne des séries policière et érotico-comique de Canal+, «Braquo» et «Hard». La britannique «Shameless» a vu naître un jumeau éponyme aux Etats-Unis: mêmes thèmes (alcoolisme, drogue, sexualité, homosexualité et classes populaires) mais avec des acteurs différents. Pour avoir plus de chance d’être exportée, la série non américaine se tourne vers la co-production. Il s’agit très souvent de séries historiques, comme «Borgia» (France-Allemagne), qui a enregistré des record d’audience partout en Europe, ou «Des piliers de la terre» (Canada, Grande-Bretagne, Allemagne). «The Bridge», une série policière dano-suédoise, a été plébiscitée dans les deux pays. Sur le front des programmes, la téléréalité évolue en empruntant les codes de la fiction (musique, mise en scène, acteurs). L’enfermement des candidats, comme dans «Loft Story», n’est plus la règle. Les émissions de télé-crochet continuent de cartonner, avec pléthore de déclinaisons (the Voice, Your face sounds familiar, Music school, Holland in da hood, La grande battle, Kamer 9…). L’immigration s’invite de plus en plus sur les télés, surtout sous forme de documentaires mais aussi de téléréalité et de jeux. A noter le politiquement incorrect «No place like home», diffusé aux Pays-Bas. Des immigrés, en passe d’être expulsés, sont testés sur leurs connaissances des Pays-Bas et le gagnant remporte une somme d’argent lui permettant de refaire sa vie… dans son pays d’origine. L’actualité est de plus en plus traitée sous l’angle humoristique, à l’image du «Petit journal» sur la chaîne privée française Canal+ ou «Après le 20 heures c’est Canteloup» de TF1, avec succès d’audience garantie. L’émission australienne «The hamster wheel», qui décrypte l’actualité de manière décalée, affiche 23,7% d’audience, soit 10 points de plus que d’autres émissions à la même case. Il y a également la suédoise «Partaj», qui reprend l’information sous forme de sketches ou «Las noticias de la 2» (Espagne). En pleine tourmente économique, l’argent occupe une place de choix dans des émissions de plateau qui permettent de «relativiser» ou d’«expliquer la crise, comme «Il mondo che verra» (Italie), «Money» (Grande-Bretagne), «Pessimisterne (Danemark), «The great british property scandal», «Dr Cac» (France 5), «Comment ils ont fait fortune (France 3).