TF1/ Hollande «En direct avec les Français» : un format un peu usé

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Si François Hollande ne fait pas d’annonce marquante jeudi soir, sa grande interview télé risque de décevoir, car ce type d’intervention, dont le format s’est banalisé, peine désormais à marquer les esprits. A 20h30, pour sa mi-mandat, François Hollande répondra pendant une heure trente en direct sur TF1 et RTL aux questions de 3 journalistes et de 4 Français. Intitulée «En direct avec les Français», l’émission sera son 2nd «Prime Time» depuis son interview de 01h15 sur France 2 le 28 mars 2013. L’Élysée mise sur un effet de rareté, car François Hollande est bien moins intervenu en plateau que Nicolas Sarkozy qui a fait une quinzaine de Prime Time en 5 ans. 

Le chef de l’État, au plus bas dans les sondages, cherche à renouer un lien direct avec les électeurs. Il a démarré son offensive médiatique le mois dernier en ouvrant les portes de l’Élysée à plusieurs journalistes («Le Monde», TF1 puis i-Télé), qui l’ont suivi plusieurs jours. Après France 2 en 2013, François Hollande a opté jeudi pour un média privé et populaire, comme il l’avait fait le 6 mai avec son interview sur BFMTV-RMC, chez Jean-Jacques Bourdin, où il avait répondu aux critiques d’une retraitée, d’une chômeuse, d’une chef d’entreprise et d’une employée de bureau. «L’un des grands atouts de Hollande était sa proximité avec les Français, le «président normal». Toute son opération de communication sera de renouer avec cette proximité qu’il a perdue», note Christian Delporte, spécialiste des médias. Mais le pari est difficile. «Je ne crois pas à un impact considérable. (…) une émission ne suffira pas pour remonter son image et contrebalancer les résultats économiques qu’on lui reproche»,  ajoute le sociologue des médias François Jost. L’émission aura lieu dans un studio de la plaine Saint-Denis, loin des dorures de l’Élysée.  Une nouveauté, François Hollande répondra ensuite à 5 questions d’internautes posées sur le site de la chaîne. L’Élysée fait valoir qu’il n’intervient jamais dans les questions, mais a demandé à les connaître à l’avance. L’exercice du «face aux Français» n’est pas nouveau, souligne François Jost. Jacques Chirac en 2005 et Nicolas Sarkozy en 2010 et 2011 s’y étaient pliés.  

Du fait de ce format un peu usé, l’intervention de François Hollande devra donc trancher sur le fond, d’après les analystes. «Depuis 15-20 ans, ce genre d’émission télé est peu renouvelé et n’a plus guère de sens. Si François Hollande vient sans propositions, ce sera mal ressenti, il aura raté son coup», estime Christian Delporte. «Nous ne sommes plus sous Mitterrand, président qui cultivait la parole rare, où une interview télévisée était un grand événement. Aujourd’hui, le président est sur le terrain tout le temps, on a l’impression de le voir sans arrêt, ce qui banalise sa présence», note-t-il. «Il est déraisonnable pour l’Élysée d’attendre trop de cette émission», renchérit Arnaud Dupui-Castérès, président du cabinet de conseil en communication Vae Solis. «Mais il ne faut pas la louper, et sans annonce, on dira qu’il a parlé pour ne rien dire. D’autant que le 14 juillet, et lors de sa grande conférence de presse en septembre, il n’avait rien annoncé. Gare cependant aux annonces sorties du fond d’un tiroir juste pour une émission, dans la précipitation», avertit-il. 

Pour TF1, cette interview est en tout cas une valeur sûre, car les politiques font recette. L’interview de Nicolas Sarkozy sur France 2 le 22 septembre avait rassemblé 8,5 millions de téléspectateurs, un des records d’audience de l’année.