Un conseil de déontologie à «retisser des liens de confiance» entre les Français et les médias, selon le ministre de la Culture, Franck Riester

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L’instauration d’un conseil de déontologie de la presse pourrait aider à «retisser des liens de confiance» entre les Français et les médias, a plaidé vendredi dernier le ministre de la Culture, Franck Riester. Evoquant plusieurs pistes pour lutter contre la défiance envers la presse, qui s’est selon lui «banalisée», le ministre qui s’exprimait lors des 12e assises du journalisme à Tours, a estimé qu’«un autre moyen pourrait être la mise en place d’une instance d’autorégulation de la profession».

Le ministre a précisé qu’il rendrait public un rapport sur cette question qui lui sera remis dans une dizaine de jours, et a estimé que cette «réflexion est légitime et utile tant à la profession qu’à la démocratie», malgré les critiques qu’elle suscite.

Le gouvernement a confié l’an dernier à Emmanuel Hoog, ancien Président Directeur Général de l’Institut national de l’audiovisuel et de l’Agence France-Presse, une mission sur la mise en place d’un conseil de la presse ou conseil de déontologie de l’information. Une instance qui existe dans la plupart des pays de l’UE mais qui n’a jusqu’ici jamais pu voir le jour en France, faute notamment de consensus au sein même des médias. En outre, certains craignent qu’un tel organisme ne conduise à une «mise sous tutelle» des médias. «Une telle instance existe déjà chez un certain nombre de nos voisins européens, elle est recommandée par des organisations internationales comme l’Unesco et l’OSCE, et nos compatriotes sont majoritairement pour», a fait valoir le ministre, citant un sondage réalisé par Viavoice pour les Assises, montrant que 74% sont favorable à un conseil de la presse.

En réponse aux critiques émanant de la profession, il a cité des démocraties comme l’Allemagne ou la Suède, dotées d’une telle instance, sans que la liberté de la presse y soit menacée. En outre, un organisme de ce genre «ne peut fonctionner que si c’est la profession elle même qui s’en saisit, parce que ça ne peut pas être une administration, ça ne peut pas être une instance politique, ça doit être une instance des professionnels pour les professionnels», a jugé M. Riester.

«Nous regarderons éventuellement de quelle manière vous accompagner», a ajouté le ministre à l’intention des médias qui souhaiteraient soutenir un tel projet. Une allusion probable aux questions qui se posent quant aux modes de financement d’une telle instance, et aux évolutions législatives que sa création justifierait (du fait notamment d’interférences potentielles avec les attributions du Conseil supérieur de l’audiovisuel).