Les coûts flambent sur un marché américain de la télévision en plein virage numérique où, de «Game of Thrones» à «Transparent», les programmes originaux deviennent un des nerfs de la guerre pour attirer une audience toujours plus fragmentée. «Travailler avec Woody Allen, ce n’est pas bon marché», note James McQuivey, un analyste du cabinet Forrester, une allusion à Amazon, qui a confié la création d’une série au célèbre cinéaste. Le groupe met actuellement les bouchées doubles dans la vidéo en ligne: entre les séries dont il rachète les droits et ses propres productions, il y a investi 1,3 milliard de dollars l’an dernier. Le service de «streaming» concurrent Netflix produit un nombre croissant de programmes et accélère ses dépenses en même temps que son expansion internationale, avec 3 milliards de dollars évoqués cette année. A côté de ces nouveaux acteurs internet en plein développement, les groupes de télévision établis ouvrent aussi grand leurs portefeuilles pour renforcer leurs grilles, non seulement dans les séries mais aussi les droits sportifs. Time Warner, propriétaire des chaînes HBO ou CNN, a dépensé 14,5 milliards de dollars l’an dernier en programmation, production et marketing, «environ 3 milliards de plus qu’il y a seulement cinq ans», a souligné en marge des derniers résultats son PDG Jeff Bewkes, prédisant une accélération à «19 milliards par an sur les quelques prochaines années». Les coûts de programmation de son concurrent Viacom (Nickelodeon, MTV, Comedy Central) ont grimpé de 15% au dernier trimestre, trois fois plus que son chiffre d’affaires. Chez 21st Century Fox, le co-directeur d’exploitation Chase Carey a annoncé «une période d’investissements avec pour priorité la création de programmes qui soient des succès, pas la maximisation des bénéfices», espérant redresser les audiences de Fox avec de nouvelles séries comme «Gotham» et «Empire», inspirées des univers de Batman et du hip-hop. «Nos concurrents ont déjà prouvé la différence que quelques succès pouvaient faire», a-t-il avancé.
