«Vivante(s)» : le documentaire de Canal+ explore le combat contre les violences conjugales à travers le parcours de Sarah Barukh 

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Le documentaire «Vivante(s)», diffusé mardi à 21h10 sur Canal+, met en lumière le combat de Sarah Barukh, qui a échappé à des violences conjugales et est devenue militante hyperactive de la défense des victimes. 

Le film s’ouvre sur une femme courant à la plage, comme un symbole de «sa fuite et sa force», explique la réalisatrice Claire Lajeunie. Sarah Barukh, 43 ans, a quitté son mari en catastrophe avec sa fille de 3 ans, une nuit de 2020, après un ultime déluge de violences. Depuis, c’est une guerrière de la lutte contre les violences conjugales, infatigable et prolifique. Elle est à l’origine de l’ouvrage «125 et des milliers», publié en 2023, dans lequel 125 personnalités racontent les vies de 125 victimes de féminicide. Durant un an, la réalisatrice a suivi la militante dans ses projets, embrassant sa cause: «raconter les vies et pas les morts» de ces femmes, explique Sarah Barukh dans le film. Celle qui a fondé l’association 125 et après n’a qu’une obsession: «qu’elles ne soient pas mortes pour rien», ajoute-t-elle. Ce «film coup de poing» se veut aussi «un mode d’emploi», explique la réalisatrice. Elle montre son héroïne faisant des interventions auprès de gendarmes ou dans des écoles. En entreprise, Sarah Barukh explique qu’on a le droit d’aller porter plainte ou visiter un appartement pendant son temps de travail, et de débloquer son épargne salariale en cas de plainte pour violences. «Vous pouvez faire la meilleure campagne (de prévention, NDLR) du monde, si elle est affichée dans un commissariat où les femmes n’osent pas aller, elle ne sert à rien!», estime-t-elle. 

«Pas tombée amoureuse d’un monstre» : C’est avec ce «bon sens» qu’elle imagine le «sac de départ»: un petit sac de voyage que rien ne distingue, sauf un QR code sur l’étiquette intérieure renvoyant vers la liste des papiers et objets à réunir, des démarches à effectuer, avant de quitter son conjoint. «Nathalie était partie (…) et elle s’est rendu compte que sa fille avait oublié son cahier dans la maison. Nathalie y est retournée et c’est là qu’elle s’est fait tuer», se désole Sarah Barukh dans le documentaire. Elle a également conçu le test «Suis-je victime de violences?», disponible sur des sites comme celui de la marque de vêtements Sézane. Ainsi, l’historique de navigation de celle qui le consulte semble anodin, au cas où son conjoint la surveille. Elle a encore lancé le projet une chambre à soi: des hébergements proches de gendarmeries, à disposition des victimes et de leurs enfants pendant 24 heures après qu’elles ont porté plainte, le temps de chercher une solution. Dans le tourbillon de ses actions, Sarah Barukh veut aussi donner de l’espoir, par exemple avec «La vie sera belle», une série de portraits de rescapées racontant comment elles s’en sont sorties, car «on ne s’en va que si on a l’espoir d’une vie meilleure». Elle souhaite également lutter contre les clichés. Écrivaine, fille d’un médecin et d’une institutrice, elle a eu du mal à se considérer comme une victime, terme qu’elle imaginait réservé à des femmes défavorisées. «De la même façon, il n’y a pas de stéréotype de bourreau», insiste-t-elle. «Le père de ma fille est grand, beau, très cultivé, drôle. Je ne suis pas tombée amoureuse d’un monstre».