YouTube et la publicité …

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YouTube a tout pour séduire les annonceurs: 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels et des outils publicitaires sophistiqués pour les cibler. Mais la plateforme vidéo de Google est régulièrement mise en cause dans des scandales liés à la «brand safety», c’est-à-dire l’environnement dans lequel les publicités sont diffusées. Retour sur les principaux dérapages.  

– 2017 : perte de confiance: En mars, le quotidien britannique «The Times» plonge Google dans l’embarras en révélant que des publicités de grands groupes ont été adossées à des contenus antisémites (dont une vidéo polémique de PewDiePie), incitant à la haine ou faisant l’apologie du terrorisme. Cette fois, ce sont les annonceurs qui menacent de partir. Des grandes marques comme Procter & Gamble ou AT&T passent d’ailleurs à l’acte.Le scandale révèle les faiblesses d’un système de vente d’espaces publicitaires automatisé, basé sur des algorithmes qui encouragent indirectement les contenus problématiques ou incendiaires. La confiance des annonceurs est ébranlée. Google adopte une batterie de mesures pour les aider à déterminer plus finement le type de contenus sur lesquels ils souhaitent voir leurs publicités apparaître.

– 2017 : commentaires déplacés : En novembre 2017, YouTube efface des dizaines de milliers de vidéos d’enfants qui s’accompagnaient de commentaires au ton très déplacé, voire à caractère pédophile, tentant de rassurer des annonceurs inquiets, dont certains avaient décidé de retirer leurs pubs de la plateforme, comme le groupe informatique américain HP. «Nous avons des politiques claires contre les vidéos et les commentaires sur YouTube qui sexualisent ou exploitent les enfants et nous les appliquons de manière drastique à chaque fois que nous sommes alertés», assure alors un porte-parole de YouTube. Google explique avoir investi pour mieux détecter les contenus douteux avec des outils d’intelligence artificielle et plus de moyens humains.  

– 2018 : vidéo-suicide : Mais en janvier 2018, nouveau scandale: un acteur américain, vedette de la plateforme, déclenche l’ire des internautes en postant une vidéo montrant un homme qui s’était suicidé par pendaison, au Japon. Les images filmées par Logan Paul sont visionnées 6 millions de fois avant d’être retirées. YouTube renforce alors les règles d’accès et les contrôles de ses chaînes. Paul Muret, alors vice-président de Youtube, admet que 2017 a été «une année difficile avec plusieurs problèmes ayant affecté notre communauté et nos partenaires publicitaires».  

– 2019 : un «réseau de pédophiles»: En février 2019, un blogueur relate comment des usagers de YouTube utilisent les commentaires sous des vidéos avec des enfants (des petites filles faisant de la gym, par exemple) pour identifier et se transmettre certains contenus. Ils parviennent ainsi à contourner les interdictions de YouTube concernant la pédo-pornographie et à créer de fait une sorte de «réseau» de pédophiles. Le blogueur estime que l’algorithme de la plateforme facilite ces agissements, en recommandant aux utilisateurs d’autres vidéos similaires, et s’indigne que ces vidéos rapportent de l’argent, puisque des pub apparaissent au début ou à côté. Des marques boycottent à nouveau YouTube, comme Epic Games, Nestlé, Disney ou AT&T. YouTube dit avoir «immédiatement supprimé des chaînes et des comptes, signalé toute activité illégale aux autorités et désactivé les commentaires sur des dizaines de millions de vidéos incluant des mineurs». Les dérapages successifs ne semblent cependant pas avoir affecté les revenus de Google, qui proviennent essentiellement des publicités personnalisées à grande échelle grâce aux innombrables données collectées automatiquement sur les usagers de YouTube et de ses autres plateformes. En 2019, d’après eMarketer, le géant d’internet devrait capter 37,2% du marché publicitaire américain, soit une récolte de plus de 48 milliards de dollars.