2018 ou la suprématie des contenus

467

A l’occasion du bilan 2018 des tendances de contenus TV à l’international, Frédéric Vaulpré, directeur d’Eurodata TV Worldwide,  déclare que «l’ensemble des acteurs du marché des contenus TV, qu’il s’agisse de chaînes ou de pure players, développent des stratégies de diffusion innovantes pour s’adapter aux nouveaux usages des téléspectateurs. Les contenus sont ainsi disponibles sur les 4 écrans et en non-linéaire, parfois même avant la diffusion en live comme avec la pré-diffusion». Avril Blondelot, directrice Content Insights chez Eurodata TV Worldwide, ajoute qu’«en 2018, plus de 10.000 nouveaux programmes ont été détectés sur le périmètre couvert par notre outil de veille NoTa. Côté tendances, l’hybridation des genres se poursuit en fiction ; les documentaires sont bien reçus par les jeunes, en particulier ceux qui parlent d’eux. Enfin, les programmes de divertissement qui mettent en valeur les défis physiques, de la danse à la boxe, ou ceux qui matérialisent l’isolement des individus, progressent». Les drames sont le genre le plus populaire: ils représentent 1/3 des lancements de fictions en 2018. Près d’1/ 4 de ces lancements ont une performance supérieure à la moyenne de la case d’au moins 20% auprès de l’ensemble des individus. Parmi eux, les drames historiques comme «La Vita Promessa» (Rai 1, Italie) qui a permis à sa chaîne d’augmenter sa part de marché sur la case de 34% en moyenne. En cette rentrée, les moments qui appartiennent à la mémoire collective sont présentés avec de nouvelles perspectives. Comme le franquisme, période difficile de l’histoire, dépeinte avec humour dans «Arde Madrid» (Movistar+, Espagne).Du côté des programmes factuels, les documentaires sont à l’honneur et séduisent  année après année de plus en plus de jeunes adultes : en 2018, 21% d’entre eux ont permis à leur diffuseur de booster de plus de 20% leur audience sur la case. Deux sujets fonctionnent particulièrement bien : les documentaires questionnant la place des jeunes dans la société, à l’image de «Vrij Land» (NPO2, Pays-Bas) qui a permis à NPO2 d’augmenter de 157% sa part de marché jeunes adultes, et ceux traitant  de l’équité sociale comme 180 jours (Télé-Québec, Canada) (part de marché multipliée par 2,5 auprès des 18-34 ans). En ce qui concerne les divertissements, les émissions de télé-réalité sont toujours aussi populaires, avec une tendance qui émerge : l’enfermement des candidats. Par exemple, «The Circle» (Channel 4, UK) met en scène des participants isolés dans des appartements individuels, qui ne peuvent communiquer entre eux que par le biais d’un réseau social dédié. Grâce à ce format, Channel 4 a vu la part de marché de cette tranche horaire auprès des jeunes adultes être multipliée par 2,8. On peut également citer «Boxed» (Keshet International) et «Cooking Box», un programme en cours de développement (CJ E&M, Banijay Rights). Diffuseurs classiques et pure players souhaitent avant tout garder ou conquérir le public : pour ce faire, les pure players lancent de plus en plus de nouvelles créations originales. Par exemple, Netflix, Amazon et Facebook Watch ont multiplié par 2,2 leur nombre entre 2017 et 2018. Avec un téléspectateur «maître des horloges», les chaînes se doivent de proposer leurs catalogues en délinéaire. C’est ce qu’elles font depuis longtemps avec leurs plateformes, qui intègrent des fonctionnalités identiques à celles des pure players américains. Certains programmes diffusés par les chaînes sont vendus aux pure players pour une diffusion ultérieure sur leur territoire. C’est par exemple le cas de «Bodyguard» (BBC, RU) disponible sur Netflix 2 mois après le lancement en TV. Parfois, la plateforme achète l’exclusivité des droits de diffusion dans le monde comme pour «The End of the F***ing World»  (Channel 4 puis Netflix). D’autres fois, les 2 acteurs co-produisent la création, à l’image de Watership Down (BBC & Netflix). Mais ce type de partenariat «win-win» reste minoritaire.