Entretien avec Olivier POIVRE D’ARVOR, Directeur de France Culture

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MEDIA +
Après votre arrivée en septembre 2010 à la tête de la station, comment se porte aujourd’hui France Culture ?
OLIVIER POIVRE D’ARVOR
Depuis le lancement de la nouvelle grille en septembre 2011, nous avons réussi à préserver les fondamentaux de la station avec des émissions à caractère durable, tout en incorporant de nouveaux producteurs et de nouveaux contenus. Il semble que la recette séduise puisque nous avons gagné 15% d’auditeurs en une seule vague (Sept-Oct 2011) avec 1,8% d’audience cumulée (vs 1,6%) et un taux d’écoute en hausse sur 1 an de 17’(1h53 par auditeur/jour), selon les chiffres de Médiamétrie. C’est une progression significative pour une radio comme la notre. Nous attribuons cette progression au fait que nous sommes différents quant au traitement des actualités et nous détenons une approche radicalement distincte par rapport au temps et à la parole donnée. Notre différence n’est pas un handicap, c’est une force.
MEDIA +
Aujourd’hui, France Culture est-elle suffisamment ancrée dans le digital ?
OLIVIER POIVRE D’ARVOR
France Culture est ancrée dans la momentaneité et dans le web puisque nous sommes la quatrième radio la plus téléchargée de France avec près de 800.000 téléchargements par mois. Notre station est écoutée principalement par des auditeurs de plus de 52 ans, légèrement plus masculin que féminin. Notre objectif est de satisfaire ces publics tout en élargissant la cible. Pour cela, la présidentielle sera l’occasion de toucher les jeunes de 18 à 24 ans.
MEDIA +
A l’approche de la présidentielle, quel rôle endossera la station France Culture ?
OLIVIER POIVRE D’ARVOR
Nous établirons une photographie de notre pays durant les quatre mois à venir. Pour cela, nous avons demandé à nos journalistes, producteurs et à notre «Club des Observateurs» (figures publiques et intellectuelles) de commenter la campagne. Ces experts interviendront tous les mercredis dans «Du Grain à Moudre» de 18h15 à 19h00, mais également dans la matinale.
MEDIA +
Allez-vous poursuivre l’art du documentaire, des fictions et de la création radiophonique ?
OLIVIER POIVRE D’ARVOR
Oui, pour nous c’est essentiel ! Nous sommes la dernière radio à mettre en avant la création radiophonique. Nous avons d’ailleurs augmenté le nombre d’heures dédiées à la création documentaire et fiction en créant une case quotidienne d’une heure (de 23h00 à minuit en semaine).
MEDIA +
Avez-vous essayez de rendre votre grille plus accessible au grand public ?
OLIVIER POIVRE D’ARVOR
France Culture est une radio qui fonctionne parce qu’elle est perçue par ceux qui l’écoutent comme une station d’élite. Il faut maintenir ce sentiment qu’ont les auditeurs d’appartenir à un club réservé. En même temps, l’objectif est de faire de France Culture un objet de partage. Nous ne sommes pas la radio des élites. J’aimerais faire en sorte que cette radio devienne aussi indispensable que Facebook ou Twitter pour un jeune étudiant au début de son parcours.
MEDIA +
Qu’envisagez-vous pour le début d’année 2012 ?
OLIVIER POIVRE D’ARVOR
Pour la première fois, France Culture va devenir une revue trimestrielle de 250 pages avec «France Culture Papier» publiée chez Bayard, disponible en librairie et en kiosque dès le 23 février prochain. Cette revue sera une retranscription des grands moments de la grille de programmes. Début février 2012, nous lancerons également une Web Radio, «GRANTANFI», à l’usage des étudiants. Cette Web Radio regroupera des programmes déjà existants de France Culture, des programmes de radios de campus de toute la France, et de nouveaux programmes. Le public étudiant représente 2,8 millions de personnes en France. C’est un bassin que nous aimerions capter.