L.E. LE LAY (France Télévisions) : «Pour les JO Paris 2024, j’ai du mal à imaginer que France TV ne soit pas de la partie»

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Laurent-Eric LE LAY, Directeur des Sports de France Télévisions

France Télévisions a permis de suivre en direct 24/24 la tentative de record du Tour du Monde en solitaire de François Gabart sur le Trimaran MACIF. Vidéos, tweets, décryptage, parcours en temps réel, interviews… un dispositif digital qui, suite à son succès, sera décliné prochainement à d’autres compétitions. Pour nous en parler plus précisément et revenir sur les temps forts de 2018, média+ s’est entretenu avec Laurent-Eric LE LAY, Directeur des Sports de France Télévisions.

MEDIA +

France Télévisions a mis en place un dispositif inédit pour suivre en direct 24/24 la tentative de record du Tour du Monde en solitaire de François Gabart sur le Trimaran. Que retenez-vous de cette initiative?

LAURENT-ERIC LE LAY

Jamais le public n’a pu suivre d’aussi près une telle aventure humaine. Cette couverture inédite a été proposée sur une page dédiée sur le site et l’application francetvsport dès le départ du skipper. En termes de contenu audiovisuel, les courses de voiles sont généralement constituées d’images du bateau prises d’un hélicoptère avant la course. Mais cette fois-ci, en discutant avec François Gabart, quelques semaines avant son départ, j’ai pensé que nous pouvions l’accompagner différemment lors de sa tentative de record du monde avec un contenu à la fois plus riche, plus émouvant et plus intense. Il a tourné lui-même ses vidéos. Avec toute cette matière audiovisuelle, nous avons fait un fil live qui a permis aux Français d’aller prendre de ses nouvelles. La technologie est tellement avancée qu’on a même pu avoir François Gabart en direct dans nos émissions («Tout le sport», «Stade 2») alors qu’il était en plein océan.

MEDIA +

Allez-vous décliner ce dispositif à d’autres sports ? 

LAURENT-ERIC LE LAY

Absolument ! Sur le Paris-Dakar, nous aurons un contenu digital extrêmement riche. Quant aux JO d’hiver, nous avons signé un accord avec Snapchat pour alimenter un Discover et proposer du contenu complémentaire à destination des jeunes, très friands du réseau social. Il est intéressant d’apprendre ainsi leur code de langage. Je trouve que le digital nous permet d’apporter des choses totalement différentes en termes de chiffres, d’infos et de coulisses. Quelque part, on apprend à travailler pour les générations nouvelles qui sont extrêmement demandeuses de ce genre de médias.

MEDIA +

La monétisation sur le digital reste tout de même une vraie problématique…

LAURENT-ERIC LE LAY

Nous sommes d’accord ! La monétisation digitale n’est pas encore établie pour les éditeurs. En tant que service public, notre mission première est de parler de sport à tout le monde. Sur le digital, nous nous adressons à une audience plus jeune, qui regarde parfois moins la télévision.

MEDIA +

Sur les JO d’hiver, France Télévisions promet une diffusion quasiment non-stop. Quelle est votre logique ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Les Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang, du 9 au 25 février en Corée du Sud, seront retransmis quasiment non-stop sur les chaînes de France Télévisions, en direct ou en différé pour que les téléspectateurs français n’en perdent pas une miette malgré un décalage horaire important. Les compétitions démarrent à partir d’1 heure du matin (heure française) et vont avoir lieu la nuit, le matin et en début d’après-midi. Pour ceux qui n’auront pas la chance de les suivre en direct, nous proposons un léger différé, sous forme de rediffusions, de magazines ou de reportages.

MEDIA +

Les JO de Paris 2024 sont-ils trop chers pour France Télévisions ?

LAURENT-ERIC LE LAY

France TV veut bien retransmettre les JO de Paris 2024. Après, le vendeur demande un prix qui est très élevé. Nous verrons où nous mène la négociation. La légitimité du service public sur les Jeux Olympiques est extrêmement forte. Par nature, il faut que tous les Français puissent les voir. J’ai du mal à imaginer que France TV ne soit pas de la partie. Mais, il y a une économie derrière cela, nous ne pouvons pas faire un chèque les yeux fermés.

MEDIA +

Quels seront les moments forts du sport en 2018 sur France Télévisions?

LAURENT-ERIC LE LAY

Pendant les JO, il y aura le Tournoi des VI Nations qui reste un rendez-vous traditionnel. Nous proposerons aussi Roland Garros, le Tour de France mais aussi la Coupe de France, la Coupe de la Ligue ainsi qu’un nouveau format cet été autour des championnats d’Europe d’athlétisme et natation.

MEDIA +

Suite à son reformatage, comment s’installe «Tout le Sport» sur France 3?

LAURENT-ERIC LE LAY

Le public est au rendez-vous. Au-delà de l’incarnation différente avec Thomas Thouroude la semaine, et Céline Géraud le week-end, il y a eu cette volonté éditoriale de proposer un contenu plus surprenant, anglé, qui cherche à la fois à informer et à divertir.

MEDIA +

Les géants de l’internet sont-ils les prochains acteurs à venir concurrencer l’écosystème des droits sportifs ?

LAURENT-ERIC LE LAY

Incontestablement, il n’est pas impossible de voir ces acteurs du monde digital venir s’imposer dans la course aux droits. Pour certains d’entre eux, ils ont un formidable succès et des ressources financières. Il y a juste deux questions qui se posent : quand vont-ils arriver et pour quoi faire ? Ces acteurs vont être confrontés à la mise en place d’un modèle économique. Ils peuvent aussi utiliser le sport comme «un outil marketing» pour vendre autre chose à côté. Nous pouvons très bien imaginer qu’Amazon rentre dans le sport pour alimenter son activité d’e-commerce ou en faire un business qui se rentabilise par des abonnements et de la publicité. Si les droits sportifs continuent à monter, il faudra que des acteurs nouveaux proposent des opportunités de croissance pour pouvoir justifier des augmentations de droits. Attendons de voir. Pour l’instant, le sport reste une affaire audiovisuelle classique.