L.M. MONNE : (Kids TV Report) : « Les grandes marques de programmes jeunesse constituent des valeurs sûres »

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Louise-Marie MONNE, Chargée d’Etude et de Clientèle à Eurodata TV Worldwide

La 2ème partie de l’année 2016 a vu la croissance des chaînes spécialisées jeunesse se stabiliser, selon le «Kids TV Report». Des programmes originaux apparaissent sur les plateformes digitales et de nouveaux acteurs OTT émergent. Entretien avec Louise-Marie MONNE, Chargée d’Etude et de Clientèle à Eurodata TV Worldwide.

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Comment la consommation mondiale des programmes jeunesse évolue-t-elle ?

Louise-Marie MONNE

Pour la première fois depuis plusieurs années, les chaînes spécialisées jeunesse ont perdu un peu de terrain dans la plupart des marchés étudiés, hormis la France. Dans l’Hexagone, les chaînes jeunesse thématiques ou gratuites ont continué à récupérer des parts de marché (+2 points soit près de 40% de pda auprès des enfants) par rapport au bloc jeunesse des chaînes généralistes. Cette progression illustre la vitalité du secteur en France. Les diffuseurs ont réussi à capter l’attention des enfants en proposant des programmes qui leur plaisent. En revanche, dans les autres territoires étudiés dans le «Kids TV Report», les chaînes jeunesse traditionnellement puissantes ont subi un léger déclin même si leur audience cumulée reste importante. Fin 2016, l’Allemagne est le seul pays dont les chaînes jeunesse représentent plus de 50% de part d’audience cumulée auprès des enfants, proportion qui s’élève à 43,7% en Espagne et 39,5% en Italie.

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Le paysage «jeunesse» se transforme-t-il plus rapidement que prévu  ?

Louise-Marie MONNE

Il est certain que les choses bougent très vite. Netflix et Amazon produisent aujourd’hui leurs propres contenus jeunesse. Du côté des plateformes qui se spécialisent autour des enfants, certaines d’entre elles émergent. Plusieurs acteurs locaux manifestent des ambitions internationales, tels que le Britannique Hopster, racheté par Sony en octobre 2016, ou encore l’Américain Toon Goggles et le Suédois Toca TV (lancé en 2016). On ne sait pas encore à quoi cela va conduire comme équilibre mais les enfants changent petit à petit leurs habitudes de visionnage.

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YouTube s’est d’ailleurs engagé sur ce marché. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Louise-Marie MONNE

YouTube s’est en effet engagé sur ce marché en intégrant en août 2016 YouTube Kids à YouTube Red, l’offre de vidéo à la demande payante de la plateforme, qui donne accès à des contenus originaux et exclusifs. Le leader de la vidéo en ligne a d’ailleurs annoncé la production de plusieurs séries jeunesse dont le lancement est prévu pour le printemps sur YouTube Red.

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Pourquoi les préscolaires restent-ils fidèles aux chaînes spécialistes ?

Louise-Marie MONNE

Parce que ces chaînes rassurent les parents. Elles sont conçues à partir de contenus adaptés et avec une portée éducative. Les préscolaires restent fidèles aux chaînes spécialistes, avec des parts d’audience variant entre 50 et 60%. En Espagne et au Royaume-Uni, Clan et Cbeebies ont vu leur pda augmenter de respectivement 8,7% et 10,6% auprès des préscolaires.

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Parallèlement, les grandes marques de programmes constituent des valeurs sûres. A quoi pensez-vous ?

Louise-Marie MONNE

Dans le Top des programmes jeunesse, la franchise «Madagascar» a toute sa place. En Espagne et en Italie, nous avons repéré un programme d’aventures familial dérivé du dessin animé «Adventure Time» traditionnellement diffusé par des chaînes comme Boing. Cette logique permet de capitaliser sur une marque perçue comme à la fois forte et attractive. Les spin-off permettent de réduire les risques en proposant un programme à partir d’un univers déjà connu et apprécié des enfants. Autre succès, «Roi Julian ! L’Élu des lémurs», une animation coproduite entre Netflix et DreamWorks.