Leslie Moonves (CBS), l’homme pour redresser Viacom ?

391
<> CBS 2013 Upfront Presentation at The Tent at Lincoln Center on May 15, 2013 in New York City.

Sera-t-il l’homme providentiel pour redresser Viacom? Leslie Moonves, le PDG de CBS, apparaît désormais comme un acteur clé dans le mélodrame agitant le groupe américain de médias, qui tient Wall Street et Hollywood en haleine depuis des mois.

CBS et Viacom sont les deux piliers d’un empire construit dans la télévision et le cinéma par le magnat américain Sumner Redstone, âgé aujourd’hui de 93 ans: le premier détient entre autres la chaîne CBS et le bouquet à péage Showtime, le second les studios Paramount et les chaînes MTV, Nickelodeon ou encore Comedy Central.

Ces deux poids lourds du secteur américain des médias avaient déjà été unis entre 2000 et 2006, et sont aujourd’hui poussés à un remariage par leur grand actionnaire commun. Cela permettrait «de répondre de façon beaucoup plus énergique et ef cace aux dé s posés par les changements dans le paysage du divertissement et des médias», a fait valoir cette semaine National Amusements (NAI), la holding de contrôle de la famille Redstone. Si Leslie Moonves, aux manettes de CBS depuis dix ans, a réussi un redressement jugé remarquable de son groupe, qui semble en outre relativement bien s’adapter au nouvel environnement concurrentiel créé par l’essor de la vidéo en ligne, Viacom s’enfonce en effet dans la tourmente.

Le public jeune auquel s’adressent principalement ses chaînes leur préfère de plus en plus internet. Les studios Paramount accumulent les pertes. Et le groupe vient en outre d’être secoué par une intense lutte de pouvoir qui s’est soldée par l’éviction du PDG, Philippe Dauman, et une reprise en main par Shari Redstone, la lle du patriarche, considérée désormais comme la femme forte de l’empire.

Dans ce contexte, l’idée d’un rapprochement est défendue par un nombre croissant d’observateurs, le scénario reposant sur l’hypothèse que Leslie Moonves viendra tirer Viacom de sa mauvaise passe en prenant la tête du nouvel ensemble.

Mais l’intéressé est-il prêt à y risquer son bilan? Leslie Moonves, âgé de 66 ans, s’est essayé dans sa jeunesse à une carrière d’acteur, mais s’est rapidement tourné vers la programmation télévisée, avec bien davantage de succès.

Il avait notamment travaillé chez Warner Bros. Television, où ses équipes ont été créditées du développement de séries comme «Friends» et «Urgences». Chez CBS, qu’il a rejoint en 1995 et où il a gravi progressivement les échelons jusqu’à sa nomination en 2006 à la direction générale, on cite parmi ses principales réussites un impressionnant redressement des audiences de la chaîne, passée du dernier au premier rang aux Etats-Unis grâce à la popularité d’émissions comme «Survivor» ou «Les Experts». «Si M. Moonves prenait sa retraite aujourd’hui, il partirait comme l’un des meilleurs, sinon le meilleur, dirigeant du secteur des médias», résumait une note récente de Loop Capital Markets. «Pourquoi ternir cet héritage en s’attaquant à un projet si massif, si dif cile par son échelle, dans une tentative qui durera plusieurs années pour réparer une entreprise qui n’est peut-être pas réparable? Cela en vaut-il vraiment la peine?»