P. BOUTINARD-ROULELLE (Nilaya) : «Il nous a fallu 4 ans pour monter le budget du docu-fiction «Premier Homme» (M6)»

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Diffusion ce mardi 4 avril sur M6 de «Premier Homme», un docu-fiction au budget de 4,5 M€, coproduit par Nilaya, Boréales et Winds. Quel est le point de départ du projet ?

Patricia BOUTINARD ROULELLE

Il y a quinze ans maintenant, j’ai initié «L’Odyssée de l’espèce» (17 Juin Media), un documentaire sur nos origines pour France Télévisions. Mais depuis ce programme, rien n’avait été produit à la télévision à ce sujet, notamment à des heures de grandes écoutes. Or, la science a énormément évolué entre-temps. Avec le producteur Frédéric Fougea (Boréales), nous nous sommes dit qu’il était temps de relancer un film sur l’histoire de nos origines. «Premier Homme» s’inspire des nombreuses découvertes spectaculaires de la paléoanthropologie, comme les toutes récentes mises à jour de fossiles. Pour la première fois, nous présentons la grande aventure de nos origines à travers l’histoire d’une seule et même famille.

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Initier une coproduction internationale, était-ce la condition sine qua non ?

Patricia BOUTINARD ROULELLE

A projet exceptionnel, financement exceptionnel. Nous savions dès le départ que «Premier Homme» aurait besoin d’un budget important. Nous ne pouvions nous attaquer à ce type de thématique de manière trop classique. Pour attirer le public, il a fallu une narration particulière, une reconstitution précise de cette vie d’autrefois. La coproduction internationale était donc le seul traitement possible. En France, nous avons eu la chance d’avoir une écoute très positive de M6 qui a mis un budget de fiction d’environ 1,5 M€. Une fois que nous avions fait le tour de tous les partenariats possibles en France, nous arrivions à la moitié du budget. Le reste a été amené par les coproducteurs comme la chaîne chinoise CCTV-9 qui a investi 550.000 €, la ZDF avec 400.000 € ou encore la RTBF. Des préachats ont également été réalisés sur le territoire américain avec CuriosityStream, une plateforme streaming thématique. Constituer un tel budget de 4,5 M€ est très chronophage. Nous avons mis quatre ans pour le constituer.

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Qu’est-ce que représente «Premier Homme» en matière de production ?

Patricia BOUTINARD ROULELLE

Nous avons tourné pendant deux mois sur quatre lieux de tournage différents en Afrique du Sud. C’est le seul territoire où nous avions accès avec des paysages correspondant à ce que nous racontions. 90% du tournage a été fait avec des comédiens. Le poste de dépense le plus important dans le budget a été celui des costumes, du maquillage et des masques (près d’1 M€). Nous avons choisi le meilleur des prestataires, le canadien Adrien Morot qui a reçu un Oscar pour le film «The Revenant» avec Leonardo DiCaprio.

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Allez-vous poursuivre ce travail de coproduction internationale dans vos futurs projets ?

Patricia BOUTINARD ROULELLE

Oui, il faut poursuivre ce travail à l’international. Nous sommes encore trop peu nombreux à le faire en France. Si nous voulons continuer à proposer de grands documentaires familiaux et événementiels, il faut s’en donner les moyens et cela passe par ce type de combats. De plus, si ces œuvres veulent survivre, il faut que le CNC nous aide beaucoup plus qu’il ne le fait aujourd’hui. Ces films hybrides, mélangeant différents genres, sont très peu aidés par rapport à de la fiction ou du documentaire plus classique. A titre d’illustration, le financement du CNC représente 2% du budget de «Premier Homme» alors qu’il accorde jusqu’à 20% d’aide pour un documentaire classique. C’est un dysfonctionnement. Le CNC accorde la même aide, quel que soit le budget du film, sans distinction de leur nature. Il y a une question qui est posée. Le CNC est au courant. Nous en discutons. Mais pour l’instant, la réponse est en suspens.

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Nilaya Productions poursuit-elle la production de documentaires ?

Patricia BOUTINARD ROULELLE

Absolument ! Je produis pour de nombreuses chaînes : ARTE, France Télévisions, Planète+. Je prépare avec le réalisateur israélien Amos Gitai «Un bref moment d’optimisme» (52’) pour «Envoyé Spécial». Ce film va à la rencontre de Palestiniens et d’Israéliens qui croient encore que le dialogue, le vivre ensemble et la paix sont possibles. Actuellement en production, «Dutronc, la vie malgré lui…» (110’),  un portrait du chanteur pour France 3. Nous travaillons aussi sur «L’Islam en France» dans le cadre d’une mini-série de 2X52’ pour ARTE. Nous développons pour Planète+, «Happy End», une série de 4X52’ sur un sujet tabou : la mort. Nous allons le traiter sous forme de comédies documentaires.

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Et la production de fictions ?

Patricia BOUTINARD ROULELLE

Nous nous y mettons. C’est un choix de développement que nous voulons creuser puisqu’il s’agit d’un genre très créatif.

LES DIRIGEANTS

Patricia BOUTINARD ROULELLE :

Productrice et

Fondatrice

COORDONNEES

28 rue du Docteur Finlay 

75015 Paris

DATE DE CREATION

Avril 2011

PRODUCTIONS

«Premier Homme» (M6) ; «Elysée, la solitude du pouvoir» (F3) ; …