Pascal DOUCET-BON, Directeur adjoint de la rédaction de France Télévisions, en charge des JT du soir de la semaine (19/20, 20h et Grand Soir/3)
Tous les médias se mobilisent afin d’aller à la rencontre des Français à l’occasion de la Présidentielle. Pour France 3, chaîne des régions, ce travail de proximité est celui du quotidien de ses rédactions. Tour d’horizon avec Pascal DOUCET-BON, Directeur adjoint de la rédaction de France Télévisions, en charge des JT du soir de la semaine (19/20, 20h et Grand Soir/3).
MEDIA +
Jusqu’au 23 avril, France 3 propose une série d’éditions spéciales du «19/20» dans le cadre de la Présidentielle. Quelle est votre ligne de conduite ?
PASCAL DOUCET-BON
Notre vocation est d’événementialiser le JT majeur de France 3 qui réunit près de 3 millions de téléspectateurs et qui se positionne ainsi comme le 2ème journal télévisé du groupe France Télévisons. Avec cinq éditions événementielles de proximité, thématisées, en direct dans des lieux définis, notre ligne de conduite consiste à renforcer l’identité du «19/20» qui est d’aller au plus près des citoyens. Les enjeux seront posés à travers des plateaux in situ, deux reportages principaux ainsi que deux pastilles. Le 23 mars à Toulouse par exemple, la problématique portera sur «La santé, à quel prix ?».
MEDIA +
Les thématiques abordées sur France 3 sont-elles foncièrement différentes de celles des JT de France 2 ?
PASCAL DOUCET-BON
Les thématiques, certainement pas. Ce sont les mêmes questions que se posent tous les médias. En revanche, le traitement est à part puisque nous donnons spécifiquement la parole à des acteurs en région. Cette démarche, nous l’appliquons à l’année, pendant l’élection Présidentielle et éventuellement pour les Législatives. Dans «Futur simple» par exemple, un format récurrent tourné vers l’innovation, nous donnons prioritairement la parole à des PME dans les territoires.
MEDIA +
Délocaliser plus régulièrement vos journaux en province, c’est une idée?
PASCAL DOUCET-BON
Ce type d’opération ne doit pas être banalisé. Mais c’est le début d’autres initiatives qui resteront événementielles.
MEDIA +
Comment marquez-vous la différence entre le «19/20» et «Le Grand Soir/3» ?
PASCAL DOUCET-BON
«Le Grand Soir/3» est le journal du débat public, de l’Europe, de l’actualité internationale. Il est dans la logique de tous les «News Night» qui existent dans les services publics en Europe. Concernant le 19/20, il s’agit d’un journal qui donne la priorité à l’événement national mais avec un angle de proximité à la fois géographique, social, d’idées,… Ce n’est pas un journal de l’expertise ou du décryptage comme pourrait l’être le 20 Heures de France 2. A partir de là, nous avons une complémentarité qui s’impose de plus en plus.
MEDIA +
Qu’en est-il de la mutualisation des rédactions de France 2 et France 3 ?
PASCAL DOUCET-BON
Cela se passe bien. Fin 2018, les différents rapprochements des rédactions auront eu lieu à la fois professionnellement et physiquement. Les deux services «information générale», en cours de fusion, communiquent déjà très bien ensemble au quotidien. Les services «économie» et «culture» ont déjà fusionné, tout comme certains services techniques de montage et de programmation des techniciens de plateau. Sont appelés à fusionner, les services d’information générale étrangers. Ce sont des processus assez longs pour adopter une culture commune. Ce n’est pas parce que nous sommes dans le même bâtiment que les cultures sont identiques. En revanche, pour ce qui est des sujets magazines plus intemporels, et qui font l’identité propre de chaque édition, il n’est pas question de les mutualiser. Pour résumer, nous mutualisons le plus possible sur le «News» et nous différencions autant que possible sur le «Magazine».
MEDIA +
L’arrivée de franceinfo change-t-elle la donne ?
PASCAL DOUCET-BON
Cela force le travail commun. Les deux grandes rédactions nationales alimentent en personnels franceinfo. C’est un accélérateur de particules.
MEDIA +
Y-il des différences entre les JT de TF1 et celui de France 2 ?
PASCAL DOUCET-BON
Les JT de France 2 et TF1 n’ont jamais eu d’identités aussi différentes, que cela soit sur la longueur des sujets, leur traitement ou leur incarnation. Je constate avec beaucoup de délices que nous sommes régulièrement copiés, ce qui nous oblige à innover encore plus.
MEDIA +
Comment se positionnent les JT des chaînes historiques face à l’info continue ?
PASCAL DOUCET-BON
Le caractère spécifiquement factuel de l’actualité est maintenant assuré par les chaînes info. Pour continuer à exister et à être légitimes, les chaînes premium ont dû adopter une politique de valeur ajoutée systématique à travers des choix drastiques qui font toute la différence. Le 20 Heures d’il y a vingt ans, c’était 30 sujets empilés les uns sur les autres dont 90% faisaient entre 1’ et 1’30’’. Si vous faites cela aujourd’hui, vous êtes mort. Nous sommes obligés d’aller chercher un travail premium. Il n’est pas question de se contenter des faits. Il faut enquêter, discourir, commenter selon les éditions et pousser au maximum leur identité propre. Nous sommes au cœur de la raison éditoriale de la fusion des rédactions. En faisant cela, nous travaillons plus sereinement sur les identités. Les journaux, au lieu d’être concurrents, deviennent complémentaires. C’est un gage de diversité.
